Isaïe 40, 1-11/Matthieu 1, 1-17

la genealogie du Sauveur

Origène

L’Evangile selon Matthieu commente les Pères, Les Pères dans la foi, p.19s

       L’Ecriture ne nous a rien enseigné au sujet de la généalogie de Melchisédech. Notre Sauveur et Seigneur, lui, est en meilleure situation : la lignée de ses ancêtres y est transcrite. En comme sa divinité n’est pas soumise à une origine humaine, comprends que c’est à cause de toi, né de la chair, qu’il a voulu naître comme un homme. Cependant le récit de ses origines n’est pas identique chez les évangélistes.

       Matthieu commence à Abraham l’enchaînement des ancêtres du Sauveur, et l’arrête à ces mots : Voici ce qu’il en fut de l’origine de Jésus-Christ ; Luc, lui, ne conduit pas sa généalogie dans un ordre descendant. Il vient de parler du baptême du Christ, et de là il remonte jusqu’à Dieu lui-même.

       Ce ne sont pas les mêmes personnages qui figurent dans la généalogie, suivant qu’elle est exposée dans l’ordre descendant ou dans l’ordre ascendant. L’évangéliste qui montre le Christ descendant des cieux y introduit des femmes, et pas n’importe quelles femmes, mais des pécheresses, des femmes que blâme l’Ecriture. L’autre qui expose la généalogie après le récit du baptême n’y mentionne aucune femme. Matthieu nomme donc Thamar, devenue par ruse concubine de son beau-père ; il nomme Ruth, la Moabite, une étrangère à la race d’Israël, et Rahab, d’où est-elle sortie ? Je ne saurai le dire ! Il nomme enfin l’épouse d’Urie, celle qui a déshonoré le lit conjugal. C’est que Notre Seigneur et Sauveur est venu justement pour cela, pour se charger librement des péchés des hommes. Celui qui n’avait pas commis le péché, Dieu l’a fait péché pour nous. Oui, il a voulu prendre pour lui le rôle des hommes pécheurs et vicieux, et c’est pour cela qu’il est descendu dans le monde. Il a voulu naître de la souche de Salomon, dont les péchés ont été inscrits dans l’Ecriture, de Roboam dont les fautes y sont rapportées elles-aussi, et des autres, dont beaucoup ont fait ce qui est mal aux yeux du Seigneur.

Quand son origine est exposée pour la seconde fois, après la remontée du baptême, ce n’est pas de Salomon, mais de Nathan qu’il est issu, de ce Nathan qui fit au père de Salomon de vifs reproches au sujet de la mort d’Urie et de la naissance de ce fils !

Matthieu mentionne toujours le terme qui désigne la génération ; Luc l’omet complètement. Matthieu écrit : Abraham engendra Isaac, Isaac engendra Jacob, etc… ; jusqu’à la fin de la généalogie engendra se retrouve intercalé. En Luc, quand Jésus remonte du baptême, il est appelé fils : Celui que l’on croyait fils de Joseph, et, dans une longue série de noms, jamais ne figure l’idée de génération, sauf dans ces mots précisément : On le croyait fils de Joseph.