Luc 1, 26-38

Marie et l’ange

Adrienne von Speyr

La Servante du Seigneur, p. 36s

       Jusqu’à ce jour où l’ange vint la visiter, Marie a vécu tout naïvement dans la pure attente de son peuple. Elle ne peut pas, sans le savoir, franchir le pas de l’Ancienne à la Nouvelle Alliance ; elle ne doit pas glisser insensiblement de l’une à l’autre par une conception inconsciente. Il fallait donc qu’elle fût troublée afin de pouvoir être dilatée ; c’est pourquoi son inquiétude devait déjà embrasser tout ce qui allait arriver plus tard. La Mère ne peut prononcer son vœu sans avoir au moins quelque idée de ses dimensions. Il faut donc lui expliquer aussi ce qui, pour l’instant, n’a pas d’urgence immédiate.

       Par là, il est aussi dit que l’ange n’est pas seulement envoyé par le Père, mais tout autant par le Fils. Car il dessine dans la Mère le modèle de cette dilatation véritablement chrétienne et néo-testamentaire, qui correspond au toujours-plus du nouveau commandement de l’amour. Il fait ainsi de la Mère le berceau de l’Eglise et de la Catholicité.

       Après l’avoir, de cette manière, une fois encore dilatée, l’ange la rassure une dernière fois, et cette fois tout à fait personnellement. Il n’invoque plus son illustre ascendance, celle de David, mais une proche qui, par l’avènement du Fils, a été arrachée à l’existence de tous les jours. Car sa cousine Elisabeth, elle aussi, a fait l’expérience du miracle de Dieu : elle, la stérile, est, dans sa vieillesse, enceinte de six mois. Car rien n’est  impossible à Dieu.

       La Mère peut maintenant répondre : Voici la Servante du Seigneur, qu’il me soit fait cela ta parole. Toute l’attitude d’humilité, de service et de prière qui a été la sienne, reparaît. Le trouble n’a que peu duré, le temps que l’ange élargisse sa disponibilité pour déposer en elle, par son message apaisant, tout ce que Dieu lui destine par l’intermédiaire de son messager. Sa réponse jaillit de la même obéissance qui lui a permis de voir l’ange : mais cette obéissance est maintenant tellement dilatée qu’elle est devenue une part et le bien même de l’obéissance du Fils à son Père.