Zacharie 12,9 – 13,9

Quel est ce personnage transpercé ?

Père Paul Lmarche

La mort du Messie, AS 43, p. 61s

              Trois ou quatre idées apparaissent immédiatement dans ce passage : mort d’un envoyé de Dieu, importance du personnage soulignée par l’ampleur du deuil et par une certaine identification entre cet envoyé et Dieu, enfin envoi d’un nouvel esprit à Israël. Mais qui est cet envoyé de Dieu transpercé, pleuré par Israël ? Evitant de nommer ce personnage et de décrire les circonstances de sa mort, ce passage fait naître, chez le lecteur, une étrange impression d’absence. Celui qui occupe encore tous les esprits n’est plus. Cependant sa mort apparaît être le point de départ de la conversion des enfants d’Israël, conversion vraiment spirituelle et intérieure, conversion vraiment profonde puisque c’est Dieu qui en a l’initiative. Cette conversion qui semble sincère et définitive, la transformation des cœurs opérée par Dieu, l’importance du deuil, le fait que le Seigneur s’estime transpercé à travers son représentant, tout cela nous inviterait à voir dans ce personnage le Messie. N’est-il pas le fils unique d’Israël, son premier-né par excellence, n’est-il pas le représentant parfait de Dieu, son instrument pour transformer le peuple élu ? Cependant, comment ne pas être dérouté et hésitant devant l’absence de toute indication précise ? Si l’auteur avait voulu parler du Messie, il aurait dû l’indiquer, au moins par allusion.

       Or une étude attentive de ces chapitres de Zacharie montre qu’il existe des liens littéraires et théologiques entre les passages qui présentent l’arrivée d’un personnage exceptionnel, ses efforts infructueux pour libérer Israël et sa mort. Ainsi au début du texte que nous venons d’entendre, le Roi-Pasteur a été tué, sans doute par la faute de Jérusalem. Du même coup, tous les espoirs fallacieux en une victoire matérielle remportée par Israël pécheur s’écroulent. Dans le désastre, il ne reste plus que la bonté miséricordieuse de Dieu. Le Prophète exhorte Jérusalem à se repentir, à pleurer la mort du Roi-Pasteur, à se tourner vers le Seigneur et à se purifier. Cette conversion sera d’ailleurs l’œuvre de Dieu lui-même, qui répandra sur les siens un esprit de grâce et de supplication.

       La fin du texte entendu prolonge et explicite le passage : après que le Roi-Pasteur aura été frappé par l’épée, le peuple sera purifié. Mais cette purification comportera des épreuves pénibles avant qu’un Reste ne renouvelle l’Alliance conclue avec Dieu.