Malachie 3, 1-21

Faire-part de la mort de Claire

Lettre circulaire adressée aux sœurs de l’Ordre de Saint-Damien

Claire d’Assise, Ecrits, Vies, Documents, p. 305s

              L’envol triomphal et illustre de Claire, notre mère vénérée, du monde terrestre à celui d’en haut, de l’ombre de l’obscurité à l’éblouissement, sur le plan spirituel, suggère aux sens la joie ; il voile cependant, sur le plan temporel, les yeux d’un débordement d’affliction.

       Par les mérites de sa perfection par lesquels, dès ses tendres années, elle s’épanouit dans des veilles consacrées à la contemplation du Seigneur, elle avait vraiment mérité les récompenses dès lors justement gagnées : elle avait exprimé les vœux de sa dévotion en de saints gestes de culte, ayant voué le lys de sa pudeur virginale aux épousailles avec le Christ, et s’était elle-même ainsi promise en mariage par l’anneau de la dilection, que, remarquable par sa beauté extérieure, riche à profusion, née d’un lignage noble, lorsqu’elle eut atteint l’âge nubile, au lieu de la pourpre du mariage, elle revêtit l’habit pauvre, au lieu du vêtement de noces, un linceul, au lieu de la ceinture nuptiale, elle se ceignit d’une cordelette.

       Ô quel mariage solennel ! Ô quelle virginité féconde qui s’accomplit en un lignage si nombreux, si abondant ! Ô admirable fécondité d’un germe qui propagea, avec l’inspiration du souffle divin, une descendance innombrable !

       Quelle ceinture de sobriété la ceignait ! Quel feu de charité l’embrasait ! De ses mains modestes, elle avait soustrait ses voiles aux vents coléreux en sorte que l’assaut d’une tempête railleuse ne pervertisse la tranquillité de son âme. Fortifiant nos cœurs pour embrasser la divinité, en bonne compagne, elle les réchauffait par l’antidote d’une consolation ininterrompue. Quand elle se rendait compte que, parfois, les pauvres manquaient de vêtement, les affamés de nourriture, les assoiffés de boisson, elle apportait ouvertement son secours, les exhortant d’un conseil bienveillant.

       Pourquoi aller plus avant ? La profondeur de cette béatitude ne peut être expliquée par des paroles humaines. Mais écoutez quelle faveur elle reçut, grâce à Dieu, aux ultimes moments de son agonie : avec le vénérable collège des cardinaux, le vicaire du Christ rendit visite à la mourante, et ce qui ressortit comme une grâce supplémentaire, il resta, puis, ne délaissant pas les funérailles de la défunte, il honora son corps en célébrant ses obsèques.