Actes 6,1-6 + 8,1-8

Le martyre de saint Laurent

Saint Pierre Chrysologue

Sermon 135, site : jesusmarie.free.fr/pierre_chrysologue

              Ce jour est illustré par la couronne baptismale du martyre de saint Laurent. Il n’y a pas un endroit de l’Empire romain qui ne connaisse les mérites de cet illustre martyr. Il a souffert dans la ville de Rome. C’est qu’il a exercé le ministère du diaconat, et dans la fleur de sa jeunesse, il a rougi de son sang la beauté de son âge. Sa passion est tout à fait remarquable.

       Le bienheureux Sixte était alors évêque de cet archidiacre, et trois jours auparavant il avait remporté le triomphe du martyre. Saint Laurent suivait son évêque Sixte qu’on amenait au martyre. Il était d’une foi inébranlable, mais il avait la mort dans l’âme, non parce que son évêque souffrait, mais parce qu’il souffrait sans lui. Le vénérable vieillard regarda le vénérable jeune et lui dit : « Ne sois pas triste, mon fils, dans trois jours tu me suivras ». Après avoir entendu la prophétie, il se sentit tout prêt dans son cœur, il se mit à attendre avec fermeté l’avenir que lui avait prédit celui qui savait. Il fut ensuite arrêté et amené. Et parce qu’il était archidiacre, on croyait que les richesses de l’Eglise se trouvaient auprès de lui, que la rage du persécuteur convoitait plus que son avarice. Il n’avait que de la haine pour celui qu’il mettait à mort, mais il aimait les biens que le chrétien méprisait. Saint Laurent était pauvre de biens, riche en vertus. Il ne nia pas qu’il possédait les richesses de l’Eglise, mais avant de les leur montrer, il demanda un délai de trois jours. Il demanda ensuite qu’on rassemble les bandes de pauvres. Au jour dit, il se présenta à l’inspection de ses trésors, et comme pour faire montre de ce que l’on cherchait, il présenta ce qu’il possédait. Le persécuteur lui dit alors : « Où sont les biens de l’Eglise ? » Saint Laurent étendit les mains vers les pauvres, et dit : « Les voici les biens de l’Eglise ». Il n’avait dit que la stricte vérité. Pourquoi s’étonner si la stricte vérité n’a fait qu’augmenter la haine ? Dépité qu’on se soit moqué de lui, le cruel tyran et l’ennemi avare qui avait peut-être envisagé une peine plus douce, comme la décapitation par l’épée, ordonna qu’on allume un brasier. Ce brasier réchauffait plus qu’il ne brûlait : il réchauffait le cœur, mais brûlait le corps. Le supplice était plus d’autant plus rigoureux que la flamme pénétrait à l’intérieur. Alors fut apporté, pour le martyre du noble Laurent, un grill qui servait à griller et à rôtir. On l’y enchaîna. Mais cet instrument de torture, il le considérait comme un lit de repos.

       Les mérites des martyrs, nous les louerons et aimerons donc comme les dons de Dieu. Nous prierons et nous leur soumettrons nos volontés, car la volonté suit, elle ne précède pas, mais la charité ne manque pas là où ne fait pas défaut la volonté. La volonté ardente est appelée charité. Que notre prière soit fervente, et que soit célébrée la fête du martyr !