Proverbes 8, 1-5 + 12-36

L’origine de la Sagesse

Père Marie-Joseph Le Guillou

La Sagesse de Dieu donne sens à la vie, p. 10s

             D’après le texte que nous avons entendu, l’origine de la Sagesse remonte avant la création, puisque la création porte son empreinte. D’ailleurs, elle le dit elle-même : Dès l’éternité, je fus établie.

       Le Seigneur, dit la Sagesse, m’a créée. Le verbe hébreu dit plus que cela puisqu’il traduit littéralement « engendrée ». La Sagesse est issue de Dieu. Nous pouvons dire que Dieu se l’est donnée à lui-même, d’où cette relation privilégiée entre la Sagesse et Dieu. La Sagesse est prémices de ses œuvres. Prémices n’est ni un adjectif, ni une préposition, c’est véritablement un substantif. La Sagesse est la primauté de la création en date et en valeur, les prémices en sont les plus beaux fruits. La Sagesse vient donc en tête des œuvres de Dieu. En hébreu, il faut penser les « voies de Dieu ».

       Dès l’éternité, je fus établie. Cette citation évoque le récit de la création dans la Genèse. Mais ce que l’on ne savait pas par le récit de la Genèse, c’est que, avant la création de l’univers, la Sagesse existe. Qu’est-ce que cela veut dire sinon que la Sagesse transcende l’homme, elle est au-delà de l’homme. En conséquence, l’homme ne peut pas revendiquer la même origine puisque la Sagesse transcende toute la création.

       La Sagesse a présidé à l’élaboration du monde : elle était aux côté de Dieu comme le maître d’œuvre. Ce mot en hébreu a plusieurs sens, il vient de Amone, petit enfant, dont la racine évoque aussi la fidélité et dont le verbe veut dire : qui participe à l’élaboration. Pourquoi tous ces sens ? Pour nous faire comprendre que non seulement la Sagesse est témoin de la création, en ce sens elle ne nous toucherait pas de près, mais elle est la règle du monde, la règle de l’organisation. Les qualités de la Sagesse sont essentiellement l’équilibre, l’harmonie dont les traits vont se retrouver dans tout le créé.

       La Sagesse fait les délices de Dieu. Elle goûte la grandeur de la création, elle exulte de joie, ce qui veut dire pour nous que le bonheur de Dieu culmine dans la création de l’homme puisque la Sagesse trouve ses délices parmi les enfants des hommes.

       Le Christ est engendré, non créé, et comme la Sagesse est préexistante au monde, le Christ dans sa divinité est préexistant au monde. La Sagesse jubile lorsqu’elle peut approcher les êtres qui ressemblent le plus à Dieu, c’est-à-dire tous les hommes. Un être pourra approcher les hommes comme jamais aucun homme n’a pu le faire, c’est vraiment Jésus-Christ, le Fils de Dieu dans son humanité.