Job 2, 1-13

Cime plus sainte que le Sinaï

Saint Jean Damascène

Homélie sur la Nativité de Notre-Dame, n° 6, p. 11s

              Bondissez de joie, montagnes, natures raisonnables et tendues vers le sommet de la contemplation spirituelle : la montagne du Seigneur, éclatante, vient au monde qui dépasse et transcende toute colline et toute montagne, c’est-à-dire la hauteur des anges et des hommes. D’elle, sans intervention de main d’homme, le Christ a bien voulu se détacher, lui, la pierre angulaire, cette Personne unique qui rapproche ce qui est distant, la divinité et l’humanité, les anges et les hommes, et rassemble les païens et l’Israël selon la chair en un seul Israël spirituel.

       Montagne de Dieu, montagne d’abondance ! Montagne opulente, montagne d’abondance, la montagne que Dieu a daigné choisir, pour séjour ! « Les chars de Dieu sont des myriades, avec des êtres florissants » de la grâce divine, Chérubins et Séraphins.

Cime plus sainte que le Sinaï, que ne couvrent ni fumée, ni ténèbre, ni tempête, ni feu redoutable, mais l’éclat illuminateur de l’Esprit très saint. Là, la Parole de Dieu avait gravé la Loi sur des tables de pierre, par l’Esprit, ce doigt divin : ici, par l’action de l’Esprit Saint et par le sang de Marie, la Parole elle-même s’est incarnée et s’est donnée à notre nature comme un remède de salut plus efficace. Là, c’était la manne ; ici, Celui qui donna la manne et sa douceur.

       Que la demeure fameuse que Moïse construisit au désert avec des matières précieuses de toute espèce, et avant elle la demeure de notre père Abraham, s’effacent devant la Demeure de Dieu, vivante et spirituelle. Celle-ci fut le séjour, non de la seule énergie divine, mais de la Personne du Fils, qui est Dieu, présente substantiellement.