Job 5, 1-27

Seuls, les coupables sont châtiés

Gerhard von Rad

Israël et la Sagesse, p. 246s

       Nul homme n’est sans péché, nul homme n’est pur devant Dieu. Même les anges ne méritent pas la confiance de Dieu ; combien moins l’homme qui boit l’iniquité comme l’eau peut-il être juste devant Dieu ? La situation de l’homme, qui est, par-dessus le marché, entièrement soumis à l’éphémère, est donc défavorable devant Dieu, car il ne peut se présenter devant lui en posant des questions et en présentant des exigences. Sa vanité et son péché ne le permettent pas. Or, Dieu punit le pécheur. Dans la correspondance entre la conduite et la rémunération, les amis de Job voient une règle capitale établie par Dieu. Ils n’auront cesse de le rappeler à Job, en particulier par ces poèmes didactiques caractéristiques sur la fin de l’homme violent. Ils ne prétendent pas que Job soit l’un d’eux, mails il est mis en cause par eux lorsqu’ils l’exhortent à examiner sa vie en fonction de ces cas typiques. Ils sont persuadés que Dieu a prononcé un verdict par les souffrances intenses qui accablent Job et l’idée que Dieu pourrait avoir commis une injustice leur apparaît absolument inadmissible. Il en résulte logiquement une série de conseils pratiques par lesquels ils veulent aider Job. Ce verdict de Dieu s’adressait à Job seul ; seul, il peut le comprendre et lui donner un sens. Tout aboutit donc à l’amener à résipiscence. C’est pourquoi la consolation culmine dans l’exhortation : Soumets-toi à cette remontrance et donne raison à Dieu !

       Pour mieux comprendre les pensées des amis, on doit savoir que la forme d’une confession sacramentelle qu’ils recommandent avec tant d’insistance à Job de prononcer est devenue de plus en plus une forme essentielle de la prière aux époques tardives. La démarche était la suivante : l’individu ou la communauté, éprouvé par des circonstances douloureuses, reconnaît que sa souffrance est un acte de jugement salutaire de Dieu ; il ou elle reconnaît son péché et se confesse dans un cantique de louanges à la justice de Dieu. Il suspend ainsi dans une certaine mesure le procès qui est en cours contre lui et peut espérer rentrer ainsi en grâce auprès de Dieu. C’était donc là la consolation des amis : Soumets-toi au châtiment de Dieu, cela servira à ton bien ! Si tu te révoltes, en revanche, tu te briseras sur lui.