Philippiens 3, 1-16

« Tout tendu vers l’avant, je m’élance »

Saint Grégoire de Nysse

La colombe et la ténèbre, Textes choisis sur le Cantique, Homélie 4, p. 56s

       L’âme qui a été justement comparée à une cavale, pour courir de sa course divine, s’élance vers ce qui est en avant par des bonds rapides et pressés, et ne se tourne pas en arrière, quoi qu’elle ait obtenu dans sa progression : Mon seul souci, j’oublie ce qui est derrière moi, je m’efforce d’atteindre ce qui est devant moi, dit l’apôtre Paul. L’âme a toujours soif, et sa soif est devenue si forte qu’elle ne se satisfait plus  de la coupe de sagesse. Tout le contenu de la coupe versé dans sa bouche ne lui paraît pas capable  d’étancher sa soif. Mais elle demande à être porté au cellier même et à appliquer sa bouche à même les cuves qui débordent de vins délicieux. . Elle veut voir la grappe  pressée dans la cuve, et la vigne qui produit cette grappe substantielle et délicieuse.

      Il serait superflu d’expliquer chaque chose en détail, puisque la signification spirituelle de chacune est évidente. Sans aucun doute, le mystère que veut coir l’Epouse est celui des vêtements de l’Epoux devenant rouge quand il foule le pressoir. C’est celui dont a parlé le prophète Isaïe : Pourquoi ton manteau et tes vêtements sont-ils rouges comme ceux d’un fouleur de pressoir ?

       C’est pour cela qu’elle désire entrer dans le cellier où s’accomplit le mystère du vin. Lorsqu’elle est entrée, elle s’élance encore plus haut. Elle demande à être soumise à l’amour. Or, l’amour dit Jean, c’est Dieu : Celui qui n’aime pas ne connaît pas Dieu, car Dieu est Amour. Et être soumise à Dieu, c’est pour l’âme le salut, comme nous dit David : C’est seulement près de Dieu que je peux être tranquille, c’est de lui que me vient le salut. Puisque je suis dans le cellier, dit l’âme, rendez-moi soumise à l’amour, ordonnez-moi à l’amour. Quel que soit l’ordre de cette phrase, le sens est le même, qu’elle soit soumise à l’amour ou que l’amour soit ordonné sur elle.