Matthieu 16, 13-19

Pierre et Paul, les colonnes de l’Eglise

Bienheureux Aelred de Rievaulx

Sermon pour la fête des saints Pierre et Paul, Pain de Cîteaux 12, 3, p. 39s

       Vous savez, frères, que, parmi tous les apôtres et martyrs de Notre Seigneur, les deux dont nous célébrons la fête aujourd’hui ont une dignité spéciale. Ce n’est pas étonnant, car c’est à eux que le Seigneur a tout spécialement confié la sainte Eglise. En effet, lorsque saint Pierre a confessé que le Seigneur était Fils de Dieu, le Seigneur lui répondit : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et je te donnerai les clefs du Royaume des cieux. Par ailleurs, le Seigneur a fait en quelque sorte de saint Paul un émule de Pierre, comme Paul le dit lui-même : Celui qui a agi en Pierre pour faire de lui un apôtre des circoncis a pareillement agi en moi en faveur des païens.

       Les colonnes de cette terre, ce sont les saints apôtres, surtout les deux dont nous célébrons la fête, Pierre et Paul. Ce sont eux les colonnes qui soutiennent la sainte Eglise par leur enseignement, leurs prières, l’exemple de leur patience. Notre Seigneur a affermi ces colonnes. Car ils étaient d’abord très fragiles, et bien incapables de se soutenir et de soutenir les autres. Ce fut là, de la part de notre Seigneur, un magnifique dessein providentiel.. Car, s’ils avaient toujours été très forts, on aurait pu croire qu’ils tenaient cette force d’eux-mêmes. Voilà pourquoi notre Seigneur a voulu montrer d’abord ce qu’ils étaient par eux-mêmes, et ensuite les affermir, afin que tous sachent que leur force venait de Dieu. Pareillement, comme ils devaient être des pères pour l’Eglise et des médecins pour guérir les malades, le Seigneur a voulu qu’ils ressentent d’abord en eux-mêmes la faiblesse afin de savoir compatir à celle d’autrui. Lui-même a donc affermi les colonnes de la terre, c’est-à-dire de la sainte Eglise.

       Et nous, frères, louons tant que nous pouvons ces saints apôtres, ces amis de Dieu, nos pères et nos guides. Louons-les et préparons-nous à devenir tels que nous puissions dignement les louer. Nous pourrons dignement les louer si nous nous appliquons à imiter leur vie. Imitons leur force, leur vie très sainte, leur heureuse persévérance. Il est hors de doute, frères, qu’ils possédaient une grande force. Ils sont en effet les colonnes que le Seigneur a affermies, comme il est écrit : La terre s’est liquéfiée et tous ceux qui habitent en elle ; moi, j’ai affermi ses colonnes.