2 Corinthiens 8, 1-24

Le devoir de la charité

Saint Dorothée de Gaza

Œuvres spirituelles, SC 92, p. 437s

       Qu’est-ce qui est agréable à Dieu ? N’est-ce pas l’aumône faite sans parcimonie, sans lenteur, ni froideur, mais de tout son pouvoir et de tout son cœur. C’est donner comme si on recevait soi-même, c’est être bienfaiteur comme si on était soi-même l’obligé. Car on doit connaître le bien de l’aumône et sa vertu ; elle est grande, elle a même le pouvoir d’enlever les péchés, selon la parole du prophète : La rançon de l’homme, c’est sa propre richesse.

       Il y a trois dispositions dans lesquelles nous pouvons faire l’aumône selon saint Basile. Ou nous la faisons dans la crainte du châtiment, et nous sommes dans l’état de servitude. Ou nous la faisons en vue de la récompense, et nous sommes dans la disposition de mercenaire. Ou nous la faisons à cause du bien lui-même, et nous sommes alors dans la disposition du fils. Car le fils ne fait pas la volonté de son père par crainte, ni dans le désir de recevoir de lui une rémunération, mais parce qu’il veut le servir, l’honorer et le contenter. C’est ainsi que nous devons faire l’aumône : en vue du bien lui-même, ayant compassion les uns des autres comme de nos propres membres, donnant non pas chichement, ni à regret ou avec indifférence, mais de tout son pouvoir et de tout son élan, donnant comme si au contraire on recevait, faisant le bien comme si nous étions l’obligé. C’est cela qui est parfait, c’est ainsi que l’homme est trouvé, comme le dit l’Apôtre, faisant la volonté de Dieu, bonne, agréable et parfaite.

        Car il faut connaître le bien de l’aumône et sa grâce ; cette grâce est grande, elle a même le pouvoir d’enlever le péché, comme le dit le prophète : Purifie-toi de tes péchés par des aumônes. Le Seigneur lui-même a dit : Soyez miséricordieux comme votre Père céleste est miséricordieux. Il n’a pas dit : Soyez sans ressources comme votre Père céleste est sans ressources. Qu’a-t-il dit ? Soyez miséricordieux comme votre Père céleste est miséricordieux. C’est spécialement cette vertu, la miséricorde, qui imite Dieu : elle est le propre de Dieu, elle est sa marque.