Jean 20, 19-23

La vie dans l’Esprit

Saint Irénée de Lyon

Contre les Hérésies, SC 211, p. 328s

       Les  apôtres ont dit exactement ce qui était vrai : à savoir que l’Esprit de Dieu descendit sur Jésus comme une colombe, le même Esprit dont Isaïe avait annoncé : L’Esprit du Seigneur est sur moi parce qu’il m’a oint, cet Esprit dont le Seigneur promet : Ce n’est pas vous qui parlerez, mais l’Esprit de votre Père qui parlera en vous. Et en donnant à ses disciples le pouvoir d’être ministres de la nouvelle naissance en Dieu, il leur disait : Allez, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

       C’est ce même Esprit qu’il avait promis par les prophètes de répandre dans les derniers temps sur ses serviteurs et sur ses servantes pour leur accorder le don de prophétie. Et cet Esprit descendit donc au Jourdain sur le Fils de Dieu devenu Fils de l’homme : avec lui, il s’habituait à habiter dans le genre humain, à se reposer dans les hommes, opérant dans les hommes la volonté du Père et les renouvelant pour les faire passer de la vieillesse du monde déchu à la nouveauté du Christ.

       Cet Esprit, David le demanda pour le genre humain en disant : Assure en moi un esprit magnanime. De cet Esprit, Luc écrit qu’après l’Ascension, il descendit sur les disciples le jour de la Pentecôte, ayant pouvoir de faire entrer tous les Gentils dans la vie et de leur ouvrir la nouvelle Alliance : aussi toutes les langues chantaient-elles d’un seul souffle une hymne à Dieu, l’Esprit rassemblant alors dans l’unité les peuples les plus distants, et offrant au Père les prémices de toutes les nations. Et le Seigneur avait aussi promis d’envoyer le Paraclet qui nous adapterait à Dieu.

       De même en effet qu’avec les grains de blé il faut de l’eau pour faire une pâte ou un pain entier, ainsi nous ne pouvions devenir un dans le Christ Jésus sans l’eau qui est du ciel. Et de même que cette terre desséchée, si elle ne reçoit pas d’eau, ne porte pas de fruit, ainsi nous qui étions d’abord du bois sec, nous n’aurions jamais porté de fruit de vie si la pluie volontaire n’était venue d’en haut.

       Nos corps, donc, par le bain du baptême, et nos âmes, par l’Esprit, ont reçu l’unité dans le corps du Christ qui leur assure l’incorruptibilité. Esprit et eau sont nécessaires puisque l’un et l’autre collaborent à la vie de Dieu en nous : Notre Seigneur a eu pitié de cette Samaritaine pécheresse, figure de toute l’humanité, qui s’était prostituée en de multiples noces : il lui montre en lui promet l’eau vive, afin qu’à l’avenir elle n’ait plus soif et ne passe plus son temps à chercher l’eau laborieusement, car elle possédera en elle le breuvage qui jaillit pour la vie éternelle. Ce don, le Seigneur le recevant du Père l’a lui-même accordé à ceux qui ont part avec lui quand il a envoyé l’Esprit-Saint sur la terre entière.