1 Corinthiens 2, 1-16

L’Eglise : communion avec le Père dans l’Esprit du Fils

Père Bruno Forte

L’Eglise, icône de la Trinité, p. -è

             L’Eglise est avant tout communion, communion dans l’Esprit du Christ : venant de la Trinité, cette communion n’est pas œuvre humaine, mais fruit de l’initiative divine, œuvre de l’Esprit de Dieu. Pour cette raison fondamentale, la communion ecclésiale est « mystère » : elle n’est pas réductible à des catégories sociologiques ou à des évaluations historico-politiques, elle échappe à la capture d’un horizon uniquement terrestre et s’offre comme présence dans l’histoire, du divin qui, en entrant dans la chair du monde, la tue et la ressuscite, la juge dans sa caducité et la rachète dans Son éternité. La communion, qui est l’Eglise à la fois sainte et pécheresse, porte en soi les signes de cette rencontre inouïe entre le monde de l’Esprit et le monde des hommes, et par conséquent, totalement immergée dans l’histoire et dans les contradictions des vicissitudes humaines, elle est appelée à apporter en celles-ci l’annonce et le don du monde nouveau de Dieu, révélé en Jésus-Christ. La tâche de l’Eglise est donc de rendre présente en tous les temps et face à toute situation la rencontre de l’Esprit et de la chair, de Dieu et des hommes, ainsi qu’elle s’est réalisée dans le Verbe Incarné. De la même façon qu’elle reçoit l’Esprit  du Père par le Christ, ainsi la communion ecclésiale est appelée à le donner : sa mission se résume dans le mandat de porter l’univers entier au Père par le Christ dans l’unique Esprit. L’Eglise-communion est le signe et l’instrument, ou encore le sacrement, à travers lequel l’Esprit réalise l’unité des hommes avec Dieu et entre eux.

        L’Eglise est aussi la communion aux réalités saintes qui la font sacrement du Christ, comme le Christ est le sacrement de Dieu. Cette totale sacramentalité de la communion ecclésiale s’exprime à travers deux voies privilégiées : la Parole de Dieu qui, en jugeant et en illuminant, convoque au salut, et le Sacrement, réalisation maximale de la Parole, représentation du mystère pascale du Christ dans la vie des hommes. Parole et Sacrement sont présents et convergent au plus haut niveau dans la Cène du Seigneur, mémorial de la Pâque de Jésus, c’est-à-dire réactualisation de celle-ci dans la diversité des temps et des lieux, l’eucharistie réconcilie les hommes avec eux et entre eux. L’eucharistie est le « sacrement de l’unité », le pain duquel naît l’unique Corps du Christ, qu’est l’Eglise, dans la force de l’Esprit.