Les Actes des Apôtres 9, 1-22

La conversion de Paul

Saint Bernard

Première homélie pour la conversion de saint Paul, OC 3, p. 318s

       « Seigneur, que veux-tu que je fasse ? Et le Seigneur lui répondit : Lève-toi, entre dans la ville, et là, on te dira ce que tu dois faire ». O Sagesse qui disposes et règles tout avec douceur ! Tu adresses à un homme, pour connaître de lui ta volonté, celui à qui tu parles toi-même, afin de lui faire apprécier les avantages de la vie commune, et pour que, une fois qu’il aura été instruit par un homme, il sache lui-même venir en aide à ses semblables, dans la mesure des grâces qu’il aura reçues. Entre dans la ville. Tu vois, frère, que ce n’est pas sans une disposition particulière de Dieu, que tu es toi-même entré dans la cité par excellence du Seigneur des vertus pour y apprendre quelle est la volonté de Dieu. Certainement celui qui t’a rempli d’une crainte salutaire et a tourné ton cœur vers le désir de sa sainte volonté, t’a dit aussi : Lève-toi, entre dans la ville. Remarque combien dans les lignes suivantes la simplicité et la douceur chrétiennes nous sont particulièrement recommandées. Ayant ouvert les yeux, il ne voyait point, et les gens de sa suite le conduisaient par la main. O heureuse cécité que celle qui frappe de ténèbres salutaires, pour les convertir, ceux dont les yeux n’étaient jadis ouverts que pour le mal. Je pense que dans les trois jours que Paul passa sans manger, dans une prière continuelle, il faut voir une règle de conduite donnée à ceux qui, venant de renoncer au siècle, ne respirent pas encore dans les consolations su ciel. Ils doivent aussi attendre le Seigneur en toute patience, prier sans relâche, chercher, demander et frapper ; leur Père des cieux finira par les exaucer en un temps opportun. Il ne les oubliera point pour toujours, il viendra à eux et y viendra même sans trop tarder. Si tu es avec le Seigneur plein de bonté et de miséricorde, pendant trois jours entiers, sans manger, tu peux être sûr que le Seigneur ne te renverra pas à jeûn.

         Ananie reçoit alors l’ordre d’imposer les mains à Saul ; mais il ne s’y prête point sans réticence. Paul vit, dit le texte, un homme qui lui impose les mains pour lui faire recouvrer la vue. Paul a obéi à la voix divine, il s’est laissé faire, on l’a conduit par la main comme un petit enfant, il s’est laissé imposer les mains : Si vous ne vous convertissez pas, si vous ne devenez pas comme un petit enfant, vous n’entrerez point dans le Royaume des cieux.