Sur Genèse 6,5-22 . 7,17-24

Le déluge, figure de l’avènement de Jésus-Christ

 

Origène

Homélies sur la Genèse, SC 7 bis, p. 89s

 

Tentons de chercher, frères, quel genre d’édification spirituelle contient cette magnifique construction de l’arche. Je pense que le déluge, qui mit fin au monde en quelque manière, est la figure de la véritable fin du monde. Le Seigneur lui-même le déclare quand il dit : de même qu’aux jours de Noé les hommes achetaient, vendaient, bâtissaient, se mariaient, et que le déluge vint et les fit tous périr, ainsi en sera-t-il à l’avènement du Fils de l’homme.

Dans ce texte, le Seigneur décrit d’une seule et même façon le déluge qui a précédé, et la fin du monde qu’il annonce pour l’avenir. Ainsi donc, comme il fut dit alors à l’antique Noé de faire une arche et d’y introduire avec lui non seulement ses fils et ses filles, mais des animaux de toutes espèces, de même à la consommation des siècles, le Père dit au Seigneur Jésus Christ, notre Noé qui est le seul Juste et le seul Parfait de préparer une arche de bois équarri. Et tout ce qui fut sauvé dans l’arche, hommes et animaux, est la figure de ce peuple qui est sauvé dans l’Eglise.

Noé construit donc une arche et y aménage des niches, c’est-à-dire des sortes d’abris pour recevoir les différentes espèces d’animaux. Sur quoi, le prophète dit : Va, mon peuple, entre dans tes abris, cache-toi pour quelques instants, jusqu’à ce que la violence de ma colère ait passé. Il y a donc comparaison entre ce peuple qui est sauvé dans l’Eglise et tous ces êtres, hommes et animaux, qui ont été sauvés dans l’arche.

Mais ni le mérite, ni les progrès dans la foi ne sont les mêmes pour tous ; c’est pourquoi cette arche ne renferme pas pour tous le même logement, mais le bas est à deux étages, le haut à trois étages et on y a établi des niches. Cela montre que, dans l’Eglise, bien que tous soient contenus à l’intérieur d’une même foi et baignés dans un seul baptême, tous ne progressent pas ensemble, ni de la même façon, mais chacun à son rang.

Ceux qui tendent par leur vie à la science raisonnable et qui sont capables non seulement de se conduire eux-mêmes, mais aussi d’enseigner les autres, sont en très petit nombre, réalisant la figure du petit nombre de ceux qui sont sauvés avec Noé et qui lui sont unis par la plus étroite parenté, tout comme notre Seigneur Jésus Christ, le véritable Noé, possède un petit nombre d’intimes, un petit nombre de fils et de proches, qui partagent sa parole et peuvent recevoir sa sagesse.