sur Isaïe 25,6 – 26,6

Le martyr de sainte Lucie

Bienheureux Jacques de Voragine

La Légende Dorée, tome 1, p. 56s

 

Quand on voulut trainer Lucie vers le lieu de son supplice, le Saint-Esprit la rendit immobile et si lourde qu’on ne put lui faire exécuter aucun mouvement. Pascasius, le consul, fit venir mille hommes, lui fit lier les pieds et les mains ; mais ils ne surent la mouvoir en aucune façon. Aux mille hommes, on ajouta mille paires de bœufs, et cependant la vierge du Seigneur demeura immobile. Alors Pascasius dit : « Quels sont ces maléfices ? Une jeune fille ne saurait être remuée par mille hommes ? ». Lucie lui dit : « Ce ne sont pas des maléfices, mais les bénéfices de Jésus Christ. Et quand vous en ajouteriez encore dix mille, vous ne m’en verriez pas moins immobile ! ». Outré, il fit allumer autour d’elle un grand feu et jeter sur son corps de l’huile bouillante mêlée de poix et de résine.

Après ce supplice, Lucie s’écria : « J’ai obtenu quelque répit dans mes souffrances, afin d’enlever à ceux qui croient la crainte des tourments, et à ceux qui ne croient pas, le temps de m’insulter ». Les amis de Pascasius, le voyant fort irrité, enfoncèrent une épée dans la gorge de Lucie, qui, néanmoins, ne perdit point la parole : « Je vous annonce, dit-elle, que la paix est rendu à l’Eglise, car Maximien vient de mourir aujourd’hui, et Dioclétien est chassé de son royaume.

Comme la vierge parlait ainsi, voici venir les ministres romains qui saisissent Pascasius, le chargent de chaînes et le mènent à César. César avait en effet appris que Pascasius avait pillé toute la province. Arrivé à Rome, il comparait devant le Sénat, est convaincu, et condamné à la peine capitale.

Quant à la vierge Lucie, elle ne fut pas enlevé du lieu où elle avait souffert, elle rendit l’esprit seulement quand les prêtres furent venus lui apporter le corps du Seigneur. Et tous les assistants répondirent : Amen.

Elle fut ensevelie dans cet endroit-là même où on bâtit une église. Or, elle souffrit au temps de Constantin et de Maxence, vers l’an 310 de Notre Seigneur.