Mémoire de sainte Gertrude

sur Ezéchiel 12, 1-16

Exercice de l’âme faisant profession à Dieu

Sainte Gertrude d’Helfta

Œuvres spirituelles I, Les exercices, p. 125s

 

Tu célébreras spirituellement ta profession et tes vœux, par le renouvellement d’une nouvelle ferveur, par ces désirs enflammés et ces prières t’offrant comme un parfait holocauste et une hostie à Dieu, en odeur de suavité.

Je supplie ta miséricorde immense, Père tout-puissant, clément, miséricordieux, bon, compatissant, qui l’emportes par ta bonté sur ta malice, pour moi petit rameau desséché qui n’ai pas profité, hélas, hélas, du temps de la taille, alors que tu me plantais en cette très sainte Religion, mais qui ai passé dans une totale stérilité tout le temps de ma vie ; je te supplie, au nom de cette bonté qui est innée en toi, au nom de l’amour de la très chère Mère, notre très glorieuse patronne, la Vierge Marie, au nom et pas l’intercession du bienheureux Benoît, notre vénérable législateur : daigne diriger aujourd’hui sur moi ton regard de miséricorde et de charité, afin que, prenant toute ma force en toi, je reverdisse, et que, sanctifié dans la vérité, je refleurisse. Donne-moi d’avoir le vrai culte de la sainte Religion, d’être vraiment fidèle aux devoirs de la vie spirituelle ; et que pour toi, qui m’aimes, je porte les fruits de toute vertu et de toute sainteté, afin qu’au moment de la vendange, je veux dire au jour de ma mort, je sois trouvée dans la pleine maturité et la consommation de toute la perfection religieuse, en paraissant devant toi.

Que ta divine toute-puissance, ta sagesse et ta bonté, mon Dieu, mon doux amour, me bénisse ; qu’elle me fasse marcher à ta suite avec une volonté empressée, me renoncer moi-même sincèrement, et, d’un cœur, d’un esprit et d’une âme très zélés, te suivre en la manière la plus parfaite.

O douceur et dilection, mon Dieu, ma miséricorde, envoie maintenant des cieux ton Esprit-Saint, et crée en moi un cœur nouveau et un esprit nouveau. Que ton onction m’enseigne sur toutes choses ; car je t’ai choisi entre mille, et je t’aime plus chèrement que tout autre amour, plus que l’amour de ma propre vie. Que la vertu de mon âme abonde de l’éclat et de la beauté de cette charité que tu convoites, car je te désire ardemment. Ah ! Fais-moi paraître en ta présence d’une façon digne de toi. Amen.