33° dimanche du temps ordinaire, 3° lecture

Sur Matthieu 25, 14-30

La parabole des talents

Saint Nicolas Vélimirovitch

Homélies sur les évangiles et jours de fête, p. 517s

 

L’homme qui part en voyage désigne Dieu, le Très-Haut, donateur de tous les biens octroyés ; ses serviteurs correspondent aux anges et aux hommes. Le départ en voyage représente la longue patience de Dieu. Les talents sont des dons spirituels dont Dieu pourvoit toute créature sensée ; le Seigneur a volontairement donné le nom de talents à ces dons, afin de montrer la grandeur de ces dons dont le Créateur a richement pourvu ses créatures. Ces dons sont si importants que même celui qui a reçu un talent a reçu un montant tout à fait suffisant.

L’homme de ce récit désigne aussi le Christ Seigneur : un homme de haute naissance, chez Luc. Cet homme de haute naissance, c’est le Christ lui-même. Cet homme partit en voyage, puis longtemps après il revient chez lui. Après son Ascension, le Seigneur Jésus se rendit au ciel pour recevoir sa dignité royale, en promettant au monde qu’Il reviendrait sur terre comme Juge.

Si le nom d’homme désigne le Seigneur Jésus, alors ses serviteurs désignent les apôtres, les évêques, les prêtres et tous les fidèles. Sur chacun d’eux le Saint Esprit a répandu de nombreux dons, inégaux ; chacun peut ainsi compléter l’autre, et tous peuvent se perfectionner, se développer spirituellement. A travers le mystère du baptême, tous les fidèles reçoivent ces dons en abondance, et à travers les autres mystères de l’Eglise, ces dons sont confortés et multipliés par Dieu.

Dans les cinq talents, certains exégètes voient les cinq sens de l’homme, tandis que deux talents correspondraient à l’âme et au corps, et qu’un talent désignerait l’unité de la nature humaine. Les cinq sens ont été donnés à l’homme pour être au service de son esprit et de son salut. Par l’âme et le corps, l’homme doit servir attentivement Dieu et s’enrichir par sa connaissance de Dieu et par les bonnes actions. C’est tout l’homme, de façon unitaire qui doit être au service de Dieu. Dans son enfance, l’homme vit avec ses cinq sens et même une vie pleinement sensorielle ; devenu plus mûr, l’homme sent une dualité en lui et l’affrontement entre la chair et l’esprit ; dans sa maturité, l’homme devient un esprit unique, après avoir vaincu sa division en cinq et en deux. Mais c’est précisément à ce moment-là, quand l’homme croit qu’il est vainqueur, que le plus grand danger le guette, du fait de sa désobéissance envers Dieu. Après avoir atteint le sommet, il peut alors tomber dans la déchéance la plus profonde et enfouir son talent.

Et puis l’homme partit en voyage. Ces mots traduisent la rapidité de la création divine. Quand le Créateur créa le monde, Il le fit rapidement. Quand le Seigneur Jésus vint sur terre pour la Nouvelle Création, pour régénérer le monde, Il accomplit rapidement sa tâche : Il l’annonça, accorda ses dons, puis partit aussitôt.