sur Jérémie 1, 1-19

Première des grandes révélations du Cœur de Jésus

Sainte Marguerite-Marie

Vie et œuvres de sainte Marguerite-Marie, tome 1, p. 85s

 

Etant devant le Saint Sacrement, me trouvant toute investie de cette divine présence, mais si fortement que je m’oubliais de moi-même, et du lieu où j’étais, je m’abandonnai à ce divin Esprit, livrant mon cœur à la force de son amour. Il me fit reposer fort longtemps sur sa divine poitrine. Il me découvrit alors les merveilles de son amour et les secrets inexplicables de son Sacré Cœur qu’il m’avait toujours tenus cachés jusqu’alors. Il m’ouvrir son Cœur pour la première fois, mais d’une manière si effective et si sensible qu’il ne me laissa aucun lieu d’en douter par les effets que cette grâce produisit en moi, qui crains pourtant toujours de me tromper en tout ce que je dis se passer en moi.

Et voici comme il me semble que la chose s’est passée. Il me dit : « Mon divin Cœur est si passionné d’amour pour les hommes et pour toi en particulier, que, ne pouvant plus contenir en lui-même les flammes de son ardente charité, il faut qu’il les répande par ton moyen, qu’il se manifeste aux hommes pour les enrichir de ses précieux trésors que je te découvre, et qui contiennent les grâces sanctifiantes et salutaires nécessaires pour les retirer de l’abîme de perdition. Je t’ai choisie comme un abîme d’indignité et d’ignorance pour l’accomplissement de ce grand dessein, afin que tout soit fait par moi ». Après, il me demanda mon cœur, lequel je le suppliai de prendre, ce qu’il fait ; il le mit dans le sien adorable, dans lequel il me fit voir comme un  petit atome qui se consommait dans cette ardente fournaise, d’où le retirant comme une flamme ardente en forme de cœur, il le remit dans le lieu où il l’avait pris, en me disant : « Voilà, ma bien-aimée, un précieux gage de mon amour, qui renferme dans ton côté une petite étincelle de ses plus vives flammes, pour te servir de cœur et te consommer jusqu’au dernier moment, et dont l’ardeur ne s’éteindra pas, ni ne se pourra trouver de rafraîchissement que quelque peu dans la saignée, dont je marquerai tellement le sang de ma croix, qu’elle t’apportera plus d’humiliation et de souffrance que de soulagement. Et pour marque que la grande grâce que je viens de te faire n’est point une imagination, et qu’elle est le fondement de toutes celles que j’ai encore à te faire, quoique que j’ai refermé la plaie de ton côté, la douleur t’en restera pour toujours, et si jusqu’à présent tu n’as pris que le nom de mon esclave, je te donne celui de la disciple bien-aimée de mon Sacré Cœur.