Sur 2 Chroniques 35,20 – 36,12

Le roi Josias

Père Pierre Buis

Josias, p. 109 s

 

Blessé à la bataille de Megiddo, le roi Josias mourut durant le trajet qui le ramenait à Jérusalem. Le roi Josias que nous dépeint la Bible apparaît comme l’un des plus grands rois d’Israël. On peut sans exagération le comparer à Salomon, et même à David. Entreprenant et réaliste, sa politique extérieure souligne les étapes successives de l’affaiblissement, puis de la disparition de l’empire assyrien par ses entreprises de plus en plus hardies.

En politique intérieure, son activité n’est pas moins remarquable. L’orientation yahviste de son règne révèle chez lui une grande clairvoyance religieuse. Il avait su voir dans la religion traditionnelle le seul moyen de rendre à son pays une personnalité,  et, par-là, une influence. A côté des grands foyers de civilisation comme Babylone ou l’Egypte, qui à cette époque cherchait à s’affirmer en approfondissant leurs traditions, le petit état de Juda trouva sa place. Seul parmi les satellites de Ninive, le royaume de Josias revendique son originalité. C’était l’un des objectifs de la réforme religieuse qui fut menée avec assez d’énergie et d’habileté pour avoir un succès durable, car on peut se demander ce qui serait resté d’Israël après l’exil sans la réforme de Josias.

Jeune, plein d’allant, bousculant volontiers des traditions dépassées et pourtant fidèle aux valeurs essentielles de son peuple, il contraste agréablement avec beaucoup de ses compatriotes. Jérémie a fait l’éloge de son équité ; elle n’avait pas sans doute ce caractère d’habileté extraordinaire qui fit la célébrité de Salomon. Mais elle manifestait au moins autant une volonté de faire respecter les droits de l’homme, même du plus humble. La conduite de Josias lors de la découverte du Deutéronome lui fait tout autant honneur ; il entreprend aussitôt la réforme qui, espère-t-il, peut sauver la situation. L’opportunisme politique de cette décision n’enlève rien à la noblesse du geste. Malgré son absolutisme, Josias avait le souci de servir son peuple.

Mais l’essentiel de son caractère, ce qui explique tout le reste, c’est son attitude religieuse : un attachement absolu et vivant à Dieu, le Dieu d’Israël. C’est là sa piété au sens que l’Ancien Testament donne à ce mot : nous en avons pour témoin l’auteur du deuxième livre des Rois (22,2) qui formule ainsi son jugement sur son héros : Il fit tout ce qui plaît à Dieu et suivit la route de David son ancêtre sans s’écarter ni à droite, ni à gauche.