Sur Nahum 1,1-8 . 3,1-11

Je suis un Dieu Jaloux et Vengeur

Père Bernard Renaud

Je suis un Dieu Jaloux, Etude d’un thème biblique, p. 114s

 

Les premiers versets de la lecture entendue, tel un psaume, servent de prélude à l’annonce prophétique qui suit. C’est le chant de la colère de Dieu qui éclate comme un coup de tonnerre dans un ciel lourd d’orage. Le premier verset, dont tout le psaume se sera qu’un commentaire, donne la clef de cet évènement historique impressionnant qu’est la chute de Ninive. Dans ce thème, C’est un Dieu Jaloux et Vengeur que Dieu, s’amorce toute une théologie de l’histoire.

Dieu est le souverain Maître du monde : sa transcendance s’exprime dans le contrôle des nations. Dieu, le Saint par excellence, visite les peuples pour les châtier et les éprouver. Il reste  au-dessus du monde le Souverain Juge. Cette justice s’exerce d’abord à l’encontre de l’Assyrie, puissance tyrannique qui écrase le petit peuple choisi. Dieu va venger Israël de tout le mal que son oppresseur lui a fait. Ce terme de vengeur nous laisse quelque peu gênés quand nous le lisons dans des oracles prophétiques. A tort. Car à une époque où la justice publique n’avait à sa disposition les moyens suffisants pour s’exercer d’une façon complète et parfaite, pour offrir aux faibles une protection garantie, la vengeance était une forme de justice approuvée  par la morale et par la Loi, un moyen efficace de se protéger contre le crime. Aussi appliqué à Dieu, ce terme n’exprime rien d’autre que sa justice qui ne laisse aucun crime impuni, dont le bras puissant attendra jusqu’aux domaines les plus secrets. La Vengeance s’identifie ici avec la Jalousie divine à qui elle sert d’instrument de réalisation. Nous savons combien la Jalousie était liée avec la sainteté, puisqu’elle en traduisait l’énergie intolérante à l’égard de tout péché et de toute souillure. Le Dieu Jaloux et Vengeur, c’est le Dieu Saint qui va déverser sur les pécheurs le torrent de sa colère.

Ces adjectifs jaloux et vengeur contiennent implicitement un élément de salut, car ils ne traduisent rien de moins que le thème de Messie, Go’él, associé dans l’école isaïenne à celui de la jalousie. C’est au titre de vengeur du sang que Dieu est le rédempteur d’Israël. La jalousie est fondée sur la communauté qui unit Dieu et son peuple. Si le Saint intervient dans l’histoire, c’est avant tout parce que son bien, son œuvre est insulté, bafoué, et Dieu ressent cela comme une injure personnelle. Certes l’amour n’est pas encore mentionné explicitement. L’auteur insiste davantage sur l’aspect négatif de punition des ennemis : Dieu terrible aux pécheurs. C’est son premier et son dernier mot. Mais le thème de la fidélité de Dieu à son peuple et à ses promesses se lit en filigrane. Le Dieu Jaloux est le Dieu Vengeur parce qu’il est le Dieu fidèle. Le Dieu Jaloux, c’est le Dieu juste, terrible aux coupables, et qui punit, mais tendre à ceux qui lui sont fidèles, et qui fait grâce.