Sur Matthieu 22, 15-21

L’impôt dû à César

 

Saint Augustin

Sermon 113 A, 8

 

Frères, Dieu nous redemande son  image. C’est ce qu’il veut dire aux Juifs quand ceux-ci lui présentèrent une pièce de monnaie. D’abord ils voulaient le tenter en disant : Maître, est-il permis de payer le tribut à César ?, afin que, s’il répondait : il est permis, ils puissent l’accuser de malédiction contre Israël, qu’il voudrait assujettir à l’impôt, et rendre tributaire sous le joug d’un roi. Que si, au contraire, il répondait : il n’est pas permis, ils puissent l’accuser de parler contre César, d’être cause qu’on refusait l’impôt que l’on devait, puisqu’on était sous le joug.

 

Jésus vit leur piège, comme la vérité découvre le mensonge, et il les convainquit de mensonge par leur propre bouche, mais il leur fit prononcer eux-mêmes leur sentence, ainsi qu’il est écrit : Tu seras justifié par tes paroles et condamné par tes paroles. « Pourquoi me tentez-vous ? leur dit-il. Hypocrites, montrez-moi la pièce d’argent du tribut ». Et ils lui en montrèrent une. « De qui est cette image et cette inscription ? » ; « De César », répondirent-ils. Et le Sauveur : « Rendez donc à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ».

 

De même que César cherche son image sur une pièce de monnaie, Dieu recherche son image en ton âme. Rends à César, dit le Sauveur, ce qui appartient à César. Que réclame de toi César ? Son image. Que réclame de toi le Seigneur ? Son image. Mais l’image de César est sur une pièce de monnaie, l’image de Dieu est en toi. Si la perte d’une pièce de monnaie te fait pleurer, parce que tu as perdu l’image de César, adorer les idoles ne sera-ce point pour toi un sujet de larmes, puisque c’est faire injure en toi à l’image de Dieu ?