Sur Sophonie 1, 1-7 . 14-2,3

Le bras de Dieu

 

Saint Augustin

Le livre de la Trinité et de l’unité de Dieu, OC 27, p. 706s

 

Partout, dans les livres saints, la divine Ecriture nous parle des mouvements de l’âme ou des membres d’hommes dans Dieu, par exemple de sa tête, de ses oreilles, de ses narines, de son cœur, de sa bouche, de ses bras, de sa main, etc. La parole de Dieu, adressée à Sophonie, parle du bras de Dieu : Je vais lever mon bras contre Juda et contre tous les habitants de Jérusalem. Les bras de Dieu, comme sa main, s’entendent de son Fils et de son Esprit, selon le mot du prophète Isaïe : Mes bras jugeront les peuples. Son bras au singulier, c’est son Fils ; c’est de lui que le prophète Jérémie parle quand il dit en s’adressant au Seigneur : Toi qui as tiré ton peuple de la terre d’Egypte par ta main forte et par ton bras étendu. Le Fils de Dieu est appelé le bras de Dieu, la droite du Père ; c’est lui qui parle par la bouche du psalmiste quand il s’écrie : La droite du Seigneur a fait éclater sa puissance, c’est la droite du Seigneur qui m’a élevé. On prend encore ces mots la droite du Seigneur pour la gloire du Père, c’est-à-dire pour l’éternelle béatitude ; c’est en ce sens que le Père dit à son Fils dans le psaume : Siège à mon droite.

La main du Seigneur signifie aussi sa puissance ; c’est de cette puissance qu’il est dit dans le prophète Jérémie : De même que l’argile est dans la main du potier, ainsi êtes-vous dans la mienne, ô maison d’Israël. On entend encore par ce mot, la main du Seigneur, un fléau, et c’est en parlant des coups qu’elle nous porte que le prophète Sophonie, dans le texte que nous venons de lire, a écrit : J’étendrai ma main sur Juda et sur les habitants de Jérusalem, et je dissiperai loin de ce lieu les restes de Baal. C’est en parlant des coups ainsi portés par le Seigneur que Job dit en parlant de sa propre personne : La main du Seigneur m’a touché.

            Le doigt de Dieu, au singulier, c’est le Saint-Esprit par qui, selon l’Ecriture, fut gravée la Loi, sur deux tables, au mont Sinaï. C’est, en effet, celui qui a dicté ce qu’il fallait écrire, qui l’a écrit, c’est-à-dire l’Esprit-Saint dont le Seigneur a dit dans l’évangile : Si moi-même je chasse les démons par la vertu du doigt de Dieu. Un autre évangéliste a été plus explicite quand il a dit : Si c’est par le Saint-Esprit que je chasse les démons. De même que le doigt avec la main ou avec le bras, la main elle-même et le bras avec le corps ne font qu’un seul être dans la nature, ainsi le Père, le Fils et le Saint-Esprit, tout en faisant trois personnes, ne font qu’une seule substance divine.