Sur Ephésiens 1, 1-14

Le Dieu de « toute bénédiction »

Père Jean-Louis Ska

Etranges visages de Dieu, p. 202s

 

Après l’adresse et les salutations, l’hymne aux Ephésiens est une bénédiction, une forme de prière commune dans l’Ancien Testament et dans la tradition d’Israël, spécialement dans la liturgie. Si nous bénissons Dieu, c’est parce que Dieu, le premier, nous a bénis. La bénédiction divine est en relation avec la force de la vie, la victoire contre les ennemis et la capacité de donner la vie. Quand Dieu bénit, il donne en abondance, il multiplie ou libère des ennemis. Bénédiction est synonyme de fécondité, de fertilité et de victoire contre les forces du mal et de la mort. Bénir Dieu veut dire reconnaître que la vie qui abonde dans notre monde prend sa source en Dieu. Dit simplement, cela signifie voir le donateur du don de la vie. La bénédiction qui introduit la lettre aux Ephésiens se remet dans cette dynamique lorsqu’elle montre que l’abondance de grâce qui nous a été accordée dans le Christ a son origine en Dieu.

Dans un premier temps, l’hymne décrit les deux grandes bénédictions de Dieu : Dieu nous a prédestinés à devenir ses fils adoptifs. La révélation concerne le mystère de sa volonté, c’est-à-dire, dans le langage paulinien, les aspects inouïs et inattendus de l’histoire du salut. Ce plan divin imprévisible était de récapituler dans le Christ tous les êtres, terrestres et célestes : Christ devient salut pour tous les êtres de l’univers. Dit simplement, Christ a un message de salut pour toute l’humanité et pour l’univers entier.

Le deuxième mouvement précise quels sont les destinataires de ces bénédictions : nous et vous. Nous désigne les Juifs qui ont cru au Christ, vous les païens qui ont suivi leur exemple.

Enfin, notons que l’hymne a une structure trinitaire : il commence par le Père, pour ensuite mentionner plusieurs fois Jésus Christ et se conclure avec l’Esprit-Saint. L’hymne  résume aussi l’histoire du salut. Il parle du plan divin avant la création du monde, puis fait allusion à la rédemption en Jésus Christ et au salut final.

Cette hymne fournit un bel exemple de méditation sur l’existence chrétienne. Le regard contemplatif part de l’expérience pour remonter vers Dieu, origine de la vie dans sa plénitude. Il lit l’histoire et y découvre un plan divin, plus ancien que la création du monde et qui se conclut avec la fin des temps. L’histoire, même notre histoire quotidienne, a un sens, et ce sens nous le découvrons en Jésus Christ et dans son évangile. Rien n’est absurde, banal ou indifférent dans notre vie. L’évangile donne sens à tout. Comment redécouvrir cette dimension ? Comment apprendre, ou comment apprendre toujours à nouveau à bénir Dieu dans la vie de chaque jour ?