Sur 2 Rois 4,38-44 + 6,1-7

La marmite empoisonnée et la multiplication des pains

Pseudo-Ephrem

Commentaire sur les livres de Rois, dans le saint prophète Elisée, p. 228s

 

Avec ce récit de la marmite empoisonnée, sont proposés ici deux miracles qui fit Elisée chez ses disciples, le premier quand il sortit la mort qui, disaient-il, était cachée dans le chaudron, le second quand il rassasia cent prophètes avec un peu de pain. Dans les deux, il peint la figure de Celui qui, deux fois multiplia les pains d’orge, et en rassasia quatre mille et cinq mille, sans compter les femmes et les enfants.

C’est un des prophètes, vraisemblablement l’économe, sans doute affamé, que le manque de nourriture força à sortir dans la campagne pour ramasser des herbes ; comme il ne trouva pas les herbes qu’il connaissait, il en ramassa qu’il ne connaissait pas et qui n’étaient pas comestibles, et parce qu’il est écrit qu’il ramassa des coloquintes sauvages, certains disent qu’il ramassa des coloquintes, d’autres celles qui sont appelées source d’amertume : de leur intérieur, les médecins fabriquent un remède efficace et purificateur. D’autres disent que leur appellation, concombres d’ânes, vient peut-être des gens de la campagne ; les fruits dont il est parlé ont un goût amer, et ressemblent à la vigne. Car l’Ecriture appelle vigne cette herbe sur laquelle l’économe est tombé et il en a cueilli des coloquintes.

Elisée versa de la farine dans le chaudron, et l’amertume du mets disparut. Dans ce prodige fut reconnue la puissance de Dieu, chacun sachant bien que cela ne provenait pas de la farine ; de même pour la veuve de Sarepta et pour cette femme Sunamite, on n’attendait pas de la couvaison d’un corps vivant sur un corps mort la résurrection du défunt, pas plus que le Syrien, simplement avec de l’eau, la guérison du malade.

Elisée corrigea la nature du mets cuit avec de la farine, et lui donna un goût nouveau. Notre Seigneur a fait ainsi, selon l’Economie divine, de sorte qu’il soit imité, comme il l’a dit, pour notre exhortation, de telle sorte que nous marchions sur la route des hommes justes et pieux, et que nous jouissions de l’importante récompense qu’il nous a promise, qu’ils guérissent les maladies, les angoisses, et les tribulations qui nous entourent au cours de notre vie sur la terre de façon surprenante. Ces fruits, le père de notre race les a cueillis par suite de son péché, et nous les a proposés et offerts à l’heure qu’il avait entendu de son Créateur : La terre maudite à cause de toi fera pousser pour toi des épines et des chardons. Tu es poussière et tu retourneras à la poussière (Genèse 3,17-19).