Sur 2 Samuel 11, 1-17 . 26-27

La faute de David

Saint Augustin

Discours sur les psaumes, Sur le psaume 50, OC 12, p. 492-497s

 

Le psaume 50 nous apprend à ne pas désespérer de nos fautes. Son titre nous le suggère : Psaume à David lorsque le prophète Nathan vint le trouver après son adultère avec Bethsabée. Bethsabée était femme et épouse d’un autre homme. David, roi et prophète, qui devait être selon la chair aïeul du Seigneur, s’éprit de la beauté de cette femme étrangère, et commit un adultère avec elle. Les psaumes n’en disent rien, mais le titre nous l’indique, et nous le lisons à découvert dans la Bible : le crime fut commis et ensuite consigné dans l’Ecriture. David fit même tuer à la guerre le mari de cette femme : à l’adultère il joignit le meurtre. Après ce crime, le prophète Nathan lui fut envoyé par le Seigneur pour lui reprocher un si grand forfait.

Qu’est-ce que les hommes doivent éviter, qu’est-ce qu’ils doivent imiter s’il leur arrive de tomber ? Beaucoup en effet veulent bien tomber comme David, mais non se relever avec lui. Ce n’est pas lorsque David tombe, mais bien quand il se relève qu’il devient ton modèle si tu es tombé. Que la chute des grands ne soit pas point un sujet de joie pour les petits, mais que les petits craignent en voyant tomber les grands. Tel est le but de cette histoire, c’est pour cela qu’elle est écrite, c’est pour cela que l’Eglise fait souvent lire et souvent chanter ce psaume. Que les hommes qui ne sont point tombés  l’écoutent afin de ne point tomber, et ceux qui sont tombés afin de se relever. Le crime d’un si grand saint n’est pas couvert du silence : on le publie dans l’Eglise. Les cœurs dépravés l’écoutent, et y cherchent un encouragement au péché, ils s’efforcent d’y voir une excuse pour le crime qu’ils ont résolu de commettre, et non un moyen d’éviter celui qu’ils n’ont pas encore commis. Ils disent en eux-mêmes : David l’a fait, et moi, pourquoi non ? Et voilà qu’en se livrant au crime, parce que David l’a commis, cette âme devient plus criminelle que David lui-même.

Mais si tu as péché et commis le crime, écoute et dis avec David : Aie pitié de moi, ô mon Dieu, selon la grandeur de ta miséricorde. Implorer une grand miséricorde, c’est avouer une grand misère. Aie pitié de moi, selon ta grande miséricorde. Seigneur, guéris ma large blessure par ta puissance ; mon mal est grand, mais j’ai recours à ta puissance infinie. Une blessure aussi mortelle me jetterait dans le désespoir si je ne trouvais en toi un médecin aussi puissant. Aie pitié de moi efface mon péché. Aie pitié de moi, mon Dieu. Laves-moi de plus en plus de mon injustice, car je reconnais mon iniquité. Ne me repousse pas de ta présence.