Sur Luc 1, 57-80

Les annonciations de Jean et de Jésus

Saint Augustin

Sermons au peuple, III° série, sermon 291, OC 18, p. 502s

 

L’ange promet un fils à Zacharie, il promet également un fils à la Vierge Marie, et elle lui fait à peu près la même question que Zacharie. Que lui dit Zacharie ? Comment connaîtrai-je cela, car je suis vieux, mon épouse est stérile et avancée en âge ? Que lui dit sainte Marie : Comment cela se fera-t-il ? Le langage est semblable, les dispositions du cœur sont bien différentes. Les mêmes paroles frappent nos oreilles, mais que l’ange lui-même nous apprenne combien les sentiments du cœur sont différents.

David, lorsqu’il eut péché, fut repris par un prophète et s’écria : J’ai péché ; il lui fut aussitôt répondu : Ton péché t’est pardonné. Saül se rendit également coupable de péché, et, sur le reproche que lui en fit un prophète, il fit aussi cet aveu : J’ai péché. Mais son péché ne lui fut point pardonné, et la colère de Dieu continua à s’appesantir sur lui. Pourquoi cette conduite si différente ? Parce que cet aveu, semblable dans la forme, cachait un cœur tout différent. L’homme entend la voix qui frappe son oreille, Dieu pénètre le fond des cœurs. Dans ces paroles de Zacharie, l’ange aperçut le langage, non pas de la foi, mais du doute, de la défiance, et il le fit voir en lui ôtant l’usage de la voix, en punition de son incrédulité. Sainte Marie dit aussi à l’ange : Comment cela se fera-t-il, car je ne connais point d’homme ? Reconnaissez ici le vœu de virginité. Si elle avait dû avoir des rapports avec son mari, comment aurait-elle pu dire : Comment cela se fera-t-il ? Si cette naissance devait ressembler à la naissance de tous les autres enfants, Marie ne ferait point cette question.

Pourquoi célébrons-nous la naissance de Jean plutôt que celle de tout autre apôtre, martyr, prophète ou patriarche ? C’est que, après leur naissance, les autres disciples du Seigneur furent appelés à recevoir ses enseignements ; ce fut qu’alors que leur foi s’attacha au Seigneur, mais aucun d’eux ne lui rendit témoignage par sa naissance. Nés comme les autres hommes, ce n’est que dans la suite de leur vie qu’ils ont été remplis de l’Esprit-Saint. La naissance de Jean Baptiste, au contraire, est une prophétie de l’avenir de Notre Seigneur Jésus-Christ, à qui il rend témoignage en le saluant dès le sein de sa mère.