Sur Apocalypse 2, 12-29

Des  Eglises bien réelles

Père Augustin George

Un appel à la fidélité, Les Lettres aux 7 églises d’Asie, BVC 15, p. 81s

 

Les sept Eglises de nos lettres ne sont-elles pas des symboles ? Non, l’Apocalypse est claire : les sept églises sont bien réelles ; leurs noms se placent sans difficulté sur la carte, dans la province d’Asie, l’actuelle Turquie. Sans doute, cette province possède d’autres églises chrétiennes sous le règne de Domitien. Quelques décades plus tôt, Paul passait une semaine dans la communauté de Troas, il écrivait à celle de Colosses et de Hiérapolis. Quelques décades plus tard, l’évêque Ignace d’Antioche adressera ses épîtres fameuses aux églises d’Ephèse, de Smyrne, de Philadelphie que nomme l’Apocalypse ; il écrira aussi aux églises de Magnésie et de Tralles, toutes proches. Nul doute que le symbolisme du nombre sept, si cher à l’Apocalypse (il y paraît 54 fois), n’ait joué ici : sept, c’est la plénitude ; sept églises, la totalité des chrétientés asiates.

Ce symbolisme n’enlève rien au réalisme de Jean. Il connaît à fond ces églises. Il les situe avec beaucoup de justesse dans leur cadre temporel. Pour chaque cité, il trouve des allusions à faire aux monuments, à l’histoire, à l’industrie locale. A Smyrne, Jean promet la couronne de vie ; comment ne pas songer à la « couronne de Smyrne », célébrée par les auteurs antiques, qui est l’ensemble magnifique des monuments qu’elle dresse au sommet de sa colline ? A Pergame, le trône de Satan a toutes chances d’être le temple d’Auguste, édifié en 29 avant notre ère, le premier sanctuaire en Asie du culte impérial. Thyatire possède une sibylle païenne qui a pu servir de modèle à la prophétesse hérétique décorée ici du nom symbolique de Jézabel. L’histoire de Sardes, deux fois enlevée par surprise, Cyrus en 545, Antiochus III en 213, donne tout son relief à la menace du Christ : Je viendrai comme un voleur.

Jean se préoccupe de la vie des communautés implantées en ces villes. Il en sait tous les épisodes et les difficultés locales : les démêlés avec les faux apôtres à Ephèse, l’activité des Nicolaïtes qui mêlent christianisme et paganisme à Pergame, à Thyatire, etc…

Ces églises ne sont donc pas des êtres irréels et symboliques. Elles sont bien vivantes sous le regard de Jean. Il en voit la situation avec réalisme. Son intention : il ne veut que transmettre à ces églises la parole du Seigneur. Car par la voix de Jean, c’est le Seigneur qui parle à ces églises. Pour chaque église, la lettre s’achève sur une promesse ; il ne s’agit pas par-là d’éveiller chez les fidèles quelques sordides convoitises, mais de proclamer l’espoir indéfectible de Jésus, la grâce toujours offerte : jusqu’au dernier moment, il est temps d’accueillir l’amour.