Sur Luc 24, 35-48

L’apparition aux Onze

Saint Pierre Chrysologue

84ème sermon, site jesusmarie.free.fr

 

Comme les portes étaient closes, là où les disciples étaient rassemblés par crainte des Juifs, Jésus vint et se tint au milieu d’eux. Qui doute que la Divinité ait pu pénétrer le secret d’un corps clos et un domicile entièrement verrouillé par la virginité absolue, elle qui, après la résurrection, alourdie par le mystère de notre corps, est entrée et sortie par des portes closes ? Par un tel signe, il s’affirme comme l’Auteur de toute créature, Celui à qui aucune créature ne peut s’opposer, et que toutes doivent servir avec zèle. Si la virginité ne peut pas alléguer comme excuse devant son Créateur la conception et la naissance, si elle ne peut pas non plus interdire à son Créateur d’entrer et de sortir portes closes, comment la pierre du monument, bien qu’immense, bien que scellée par la malice juive, pourrait-elle s’opposer à la résurrection du Sauveur ? Mais comme la virginité et la porte, toutes deux fermées, produisent la foi en la divinité, de la même façon la pierre roulée affirme la foi en la résurrection, car, étant roulée, elle n’offrait au Seigneur aucune sortie, mais elle permettait et offrait l’entrée de la foi, même la nuit.

            Jésus vint et se tint au milieu d’eux, et il leur dit : La paix soit avec vous. Dans le cœur des disciples, la foi et le doute, le désespoir et l’espoir, la magnanimité et la pusillanimité étaient continuellement en conflit. Le Scrutateur des cœurs, voyant les guerres que se livraient de telles pensées, rendit en premier lieu la paix des cœurs à ceux qui le voyaient. S’il avait offert matière à controverse quand il avait été supprimé, son retour élimine à leurs yeux toute cause de discorde. Ils étaient heureux en voyant le Seigneur, ils furent remplis de joie. Autant est appréciée la lumière après les ténèbres, le bleu après la noirceur des nuages, autant est bienvenue la joie après leur immense désenchantement. Il leur dit : La paix soit avec vous. Qu’est-ce qu’exprime ce don de la paix si ce n’est que le calme qu’il avait infusé dans les sens de chacun d’entre eux ? Il voulait qu’ils le préservent en se redonnant continuellement la paix les uns aux autres. Pour guérir ceux qui avaient été vacillants, le Seigneur attribua à des causes extérieures plutôt qu’à ses disciples la responsabilité de ce qui était arrivé. Qu’ils ne se fassent pas de reproches les uns aux autres parce que Lui, à qui tout était dû, avait pardonné à l’avance. Pierre avait renié, Jean s’était enfui, Thomas doutait encore, tous l’avaient abandonné. Si le Christ ne leur avait pas donné sa paix, Pierre qui était le premier de tous se serait cru inférieur à tous et la primauté lui aurait peut-être été enlevée, comme une chose qui ne lui était pas due.