sur Luc 10, 38-42

Servir et écouter le Seigneur

Saint Augustin

Sermons 179, OC 18, p. 2s

 

Frères, si nous nous contentons d’écouter, nous goûtons une joie sans altération. Cette joie était connue de l’ami de l’époux : L’ami de l’époux se tient debout et l’écoute. Il se tient debout parce qu’il écoute. Tant qu’il écouta Dieu, le premier homme resta debout ; il ne tomba que lorsqu’il eut prêté l’oreille au serpent. L’ami de l’époux l’écoute, il se réjouit d’une grande joie à cause de la voix de l’époux.

C’est l’occupation dont Marie avait fait le choix : tandis que sa sœur Marthe était tout entière aux soins multiples du service, assise aux pieds du Seigneur, Marie écoutait sa parole dans un pieux repos. L’ami de l’époux se tenait debout, Marie était assise, mais elle n’en était pas moins debout intérieurement, de même que l’ami de l’époux était assis par son humilité : se tenir debout signifie la persévérance, être assis est un symbole de l’humilité ; le psalmiste ne dit-il pas : Levez-vous après que vous vous serez assis, vous qui mangez d’un pain de douleur. Que signifie ces paroles : Levez-vous après que vous vous serez assis ? Celui qui abaisse sera élevé.

Or, le Seigneur lui-même rend témoignage à l’excellence de l’occupation de Marie qui était assise aux pieds du Seigneur pour écouter sa parole. Marthe, absorbée tout entière par les soins du service, se plaint au Seigneur de n’être pas secondée par sa sœur ; le Seigneur lui répond : Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et te trouble de beaucoup de choses ; une seule est nécessaire, Marie a choisi part, elle ne lui sera pas ôtée. Est-ce que Marthe faisait des choses mauvaises ? Qui de nous pourra suffisamment exprimer l’excellence du devoir d’hospitalité envers les saints ? Si c’est une œuvre excellente à l’égard des saints en général, combien plus à l’égard du chef des saints et de ses principaux membres, Jésus-Christ et ses apôtres ? Est-ce que chacun de vous, qui aimez cette vertu de l’hospitalité, vous ne dites point en vous-mêmes, lorsque vous entendez le récit de ce que faisait Marthe : Ô femme heureuse, ô femme fortunée qui a mérité de recevoir le Seigneur dans sa maison, d’avoir pour hôtes les apôtres ! Ne vous laissez pas aller au découragement de ce que vous ne pouvez, comme Marthe, recevoir dans votre demeure Jésus-Christ et ses apôtres. Le Sauveur lui-même vous rassure : Ce que vous avez fait pour l’un des moindres de vos frères, c’est pour moi que vous l’avez fait. Et cependant Marie a choisi la meilleure part, parce qu’en face de cette sollicitude, de cet empressement, de ces préoccupations de tout genre où elle voyait sa sœur, elle se tenait en repos, assise aux pieds de Jésus pour l’écouter.