Sur Jean 20, 19-31
Huit jours après

Père Lev Gillet
Au cœur de la fournaise, p. 55s

Jésus convie Thomas à toucher les plaies de la passion. Quel est le sens de cette invitation ? C’est tout d’abord un appel à une relation d’intimité avec le Seigneur lui-même. Notre Sauveur ne se tient pas loin de nous ; il permet, il désire même que nous le touchions en esprit. Je ne vous appelle plus serviteurs, je vous appelle mes amis, avait-il dit aux disciples (Jean 15,5). Il attend de nous une approche personnelle, spontanée, une approche de confiance et de tendresse où le cœur parle au cœur.
De plus, Jésus veut que, dans cette approche, ses plaies, c’est-à-dire sa souffrance et sa mort, ne soient jamais oubliées. Il désire éviter qu’un attachement unilatéral à sa transfiguration et à sa résurrection ne nous incline à méconnaître, à diminuer la réalité de son humanité sainte, humiliée et souffrante du Rédempteur. Le corps que Jésus nous a dit de prendre est un corps brisé, le sang qu’il nous a dit de boire est un sang répandu. La parfaite union du Vendredi saint et du Jour de Pâques nous est lumineusement montrée dans l’évangile de ce jour. Voulant manifester à Thomas la vérité de la Résurrection, Jésus l’invite à toucher les meurtrissures par lesquelles nous avons été guéris (Isaïe 532,5).
Comment nous est-il possible de mettre nos doigts dans la marque des clous et notre main dans le côté du Sauveur ? Aujourd’hui, Jésus n’a pas de mains visibles autres que celles des hommes, pas de côté visible autre que celui des hommes. Si nous croyons vraiment que les êtres humains sont les membres du corps du Christ, et que le moindre verre d’eau donné à une personne assoiffée est donné à Jésus lui-même, alors nous avons un moyen infaillible d’atteindre le Sauveur. Lorsqu’il nous est difficile d’élever nos cœurs vers Dieu et de le trouver dans la prière, il nous est toujours possible de descendre vers le Christ, c’est-à-dire de le chercher et de le trouver dans ses membres les plus souffrants et les plus méprisés. A ce moment-là, la réalité de la résurrection nous devient tangible au sens littéral du mot. Celui qui se penche vers son frère malheureux ou souillé, celui qui n’hésite pas à toucher sa lèpre, touche le corps de son Seigneur. Il sent qu’il reçoit une expérience vécue de la Présence divine. A Jésus qui lui demande de n’être plus incrédule, mais de croire, Thomas répond par une acclamation : Mon Seigneur et mon Dieu. Ce cri est remarquablement personnel, Thomas ne dit pas Seigneur Dieu ; il dit : Mon Seigneur et mon Dieu.