Sur Hébreux 4, 14 – 5,10

Le Christ, seul prêtre authentique

Père Pierre Grelot

Une lecture de l’épître aux Hébreux, p. 43s

 

La lecture que nous venons d’entendre nous présente le Christ sous sa fonction de « grand-prêtre ». Qu’est-ce que cela veut dire ? De fait, ce titre ne lui est donné dans aucun autre livre du Nouveau Testament. Pourquoi l’auteur de l’épître aux Hébreux le choisit-il ? Parce qu’il s’adresse à des Juifs qui ont cru au Christ, mais que le culte de l’Eglise risque de décevoir. La beauté des anciens rites n’existent plus. L’auteur songe à la fête du « Jour des Pardons » où le grand prêtre, entouré de tout le sacerdoce, entrait dans le « Saint des Saints » et célébrait les rites qui demandaient à Dieu son pardon pour tous les péchés du peuple.

Ce qui importe à l’auteur de l’épître, c’est d’évoquer le « sens de sa fonction ». Il est « pris d’entre les hommes » pour exercer une médiation entre les hommes et Dieu grâce aux rites qu’il réalise. Comme les péchés constituent un obstacle entre les hommes et Dieu, les rites de la Fête des Pardons avaient pour finalité d’obtenir le pardon de Dieu.

Il y a un préalable pour justifier le fait que le Christ Jésus ne s’est pas donné à lui-même la gloire du sacerdoce suprême. Deux textes sont invoqués à l’appui de cette affirmation, deux textes royaux déjà interprétés comme relatifs au Messie dans le judaïsme contemporain. Le psaume 2,7 montre, en son sens plénier, le Christ comme le Fils et l’Engendré de Dieu. Cet Engendré de Dieu se voit adresser la parole recueillie dans le psaume 110,4 : Tu es prêtre pour l’éternité selon l’ordre de Melchisédek.

Mais la vie terrestre de Jésus est évoquée ensuite, quand l’auteur l’examine aux jours de sa chair. L’événement auquel il est fait allusion concerne clairement l’agonie de Jésus au jardin de Gethsémani ; c’est là qu’il a présenté à Dieu des implorations et des supplications avec une violente clameur et des larmes, car Dieu pouvait le sauver de la mort. Le fait que sa prière fut exaucée ne signifie pas qu’il ait été préservé de la mort : au contraire, l’auteur insiste sur le fait qu’il apprit de ce qu’il souffrit, l’obéissance.  L’allusion à la seconde partie de la prière de Jésus à Gethsémani paraît certaine : Non pas ma volonté, mais la tienne, dit-il au Père. Obéissance paradoxale, puisqu’il était le Fils ! Mais c’est ainsi qu’il atteignit la perfection de sa fonction rédemptrice, car il devint pour tous ceux qui lui obéissent un principe de salut éternel.