Sur Hébreux 7, 1-11

L’offrande du pain et du vin

Saint Cyprien

Correspondance, Lettre 63 à Caecilius, IV, 1-3, p. 201s

 

Nous trouvons dans l’histoire du prêtre Melchisédek une figure prophétique du mystère du sacrifice du Seigneur. L’Ecriture dit : Et Melchisédek, roi de Salem, offrit le pain et le vin. Or il était prêtre du Très-haut, et il bénit Abraham. Que Melchisédek fût une figure du Christ, c’est ce que révèle, dans les Psaumes, l’Esprit-Saint parlant au nom du Père et disant au Fils : Je t’ai engendré avant l’étoile du matin. Tu es prêtre pour l’éternité selon l’ordre de Melchisédek. Cet ordre se réfère à ce sacrifice, et il a son point de départ dans ce fait que Melchisédek fut prêtre du Très-haut, qu’il offrit le pain et le vin, qu’il bénit Abraham. Qui en effet fut plus prêtre du Très-haut que Notre Seigneur Jésus le Christ qui offrit un sacrifice à Dieu son père, le même que Melchisédek avait offert, à savoir le pain et le vin, c’est-à-dire son corps et son sang ?

Et dans la personne d’Abraham, cette bénédiction regardait notre peuple. Car si Abraham crut à Dieu, ce qui lui fut imputé à justice, quiconque croit en Dieu et vit de la foi est trouvé juste ; longtemps d’avance, il est béni et justifié dans le fidèle Abraham, comme le montre la parole de Paul aux Romains (4,3) : Abraham crut à Dieu, et cela lui fut imputé à justice. Vous voyez donc que ceux qui sont de la foi sont les fils d’Abraham. L’Ecriture, prévoyant que Dieu justifierait les nations par la foi, annonça à Abraham que toutes les nations seraient bénies en lui. Donc ceux qui sont de la foi ont été bénis avec le fidèle Abraham. Aussi trouvons-nous dans l’Evangile que des enfants d’Abraham naissent des pierres, c’est-à-dire sont tirés des nations. De même, en louant Zachée, le Seigneur dit : Le salut est venu aujourd’hui à cette maison, parce que celui-ci est aussi un fils d’Abraham. Ainsi donc pour que le grand-prêtre Melchisédek, dans la Genèse, pût régulièrement bénir Abraham, il y eut d’abord l’image du sacrifice consistant dans l’oblation du pain et du vin. Et le Seigneur, achevant et consommant le sacrifice symbolique, offrit le pain et le vin, et celui qui est la plénitude de toutes choses a réalisé ce que cette figure annonçait.