Sur Daniel 5,1-17 . 23-6,1
Marie, le métier à tisser de l’Incarnation

Saint Proclus de Constantinople
Sermon 5 pour l’Assomption

Aujourd’hui, cette fête de la Vierge appelle nos langues à la louange, car elle est ordonnée au bien de toute l’assemblée. Elle a pour objet la gloire de la chasteté, la gloire de toutes les femmes, à cause de celle qui, dans le temps, est mère et toujours vierge.
Que se réjouisse la nature, que les femmes soient honorées, que l’humanité forme des chœurs, que les vierges soient glorifiées : Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé.
C’est elle qui nous réunit, la bienheureuse Marie, vase immaculé de virginité, paradis plein de sagesse du second Adam, lieu de l’union des natures, solennité de l’admirable échange porteur du salut, buisson que le feu de l’enfantement divin n’a pas consumé, nuée vraiment légère, qui a porté en son corps Celui qui siège au-dessus des Chérubins. O toison très pure de la rosée céleste, dont le pasteur fut revêtu par sa brebis.
Marie, mère et servante, Vierge et ciel, seul pont entre Dieu et les hommes. Admirable métier à tisser du salut, sur lequel le Saint Esprit, le maître d’œuvre, tissa la tunique ineffable de l’Incarnation : le tisserand, c’est la puissance obombrante du Très-Haut ; le vêtement, l’antique tunique d’Adam ; les flocons de laine, la chair née de la Vierge Immaculée ; la navette ; la grâce incommensurable du Christ revêtu de la chair ; l’artisan enfin, le Verbe lui-même qui, des cieux, s’est élancé par obéissance.
Que donc vu, qui donc a entendu ces merveilles : Dieu, que nul ne peut circonscrire, habite en une femme, et Celui que le ciel ne peut contenir, le sein d’une Vierge l’a conçu.
Dieu est né d’une femme, et il n’est pas seulement Dieu ; un homme nouveau est né qui n’est pas seulement homme ; ce nouveau-né annonce la mort du vieux péché et montre la porte du salut : là même où le serpent a répandu son venin par la désobéissance, là le Verbe pénétrant par obéissance, s’est façonné un Temple vivant. De la terre d’où est sorti le premier disciple du péché, Caïn, de cette même terre a jailli pour grandir, sans semence, le Sauveur de notre race, le Christ.