sur 1 Timothée 6, 1-10
La mort de Jean le Baptiste

Saint Augustin
Sermons au peuple, 3° série, OC 19, sermon 307, p. 9s

La lecture du saint évangile nous met sous les yeux un spectacle, la tête de Jean Baptiste sur un plat, de ce héraut funèbre de la cruauté, mis à mort en haine de la vérité. Une jeune fille danse, sa mère assouvit sa fureur, et, au milieu des joies dissolues d’un banquet, un roi fait un serment téméraire, et exécute ce serment impie. Ainsi s’accomplit dans la personne de Jean la prédiction qu’il avait faite. Il avait dit en parlant de Notre Seigneur Jésus Christ : Il faut qu’il croisse et que je diminue. Jean diminua lorsqu’il eut la tête tranchée, le Sauveur grandit lorsqu’il fut élevé que la croix. C’est la vérité qui excita cette haine contre Jean Baptiste. Ils ne purent recevoir avec calme l’avertissement de l’homme de Dieu qui n’avait en vue que le salut de ceux à qui il les adressait, et ils lui rendirent le mal pour le bien. Que pouvait-il leur dire que la vérité dont son cœur était plein ? Et comment pouvaient-ils lui répondre que par la cruauté qui remplissait leur âme ? Il a semé le bon grain, mais il n’a trouvé que des épines. Il disait au roi : Il ne t’est pas permis d’avoir la femme de ton frère. Ce prince était esclave de sa passion, et gardait chez lui, malgré la loi, la femme de son frère. Cependant cette passion n’allait pas jusqu’à répandre le sang. Il honorait même le prophète, qui lui faisait entendre le langage de la vérité. Mais cette femme détestable avait conçu une haine secrète qui devait éclater à l’occasion.
Voici quel fut le triste fruit de cette haine : Hérodiade introduisit sa fille devant le roi et la fit danser. Et ce prince, qui considérait Jean Baptiste comme un saint, qui, sans lui obéir, le craignait cependant comme un homme de Dieu, fut contristé lorsqu’on lui demanda la tête de Jean Baptiste sur un plat. Masi en considération du serment qu’il venait de faire et des convives qui l’avaient entendu, il envoya un de ses gardes pour exécuter son serment.