Sur Jean 1, 45-51
« Maître, tu es le Fils de Dieu, tu es le Roi d’Israël »
Saint Jean Chrysostome
Homélies sur saint Jean, OC XIII, homélie 21,1s, p. 393s

Nous aurions besoin d’une grande application, d’une grande vigilance pour devenir capables de scruter les profondeurs des Ecritures. Ce n’est pas sans peine aucune, ce n’est pas en demeurant oisifs que nous en découvrirons les pensées ; c’est seulement au prix d’un examen sérieux, d’une prière continuelle, qu’il nous sera donné de faire quelques pas dans l’intérieur de ce sanctuaire. Aujourd’hui même, il s’agit d’une question qui n’est pas sans importance, qui réclame une attention et un esprit d’investigation qui ne se lassent pas.
A Nathanaël qui lui dit : Tu es le Fils de Dieu, le Christ répond : Parce que je t’ai dit : Je t’ai vu sous le figuier, tu as cru. Or, tu verras des choses encore plus extraordinaires. La question est la suivante : comment se fait-il que Pierre ne proclame cette vérité : Tu es le Fils de Dieu, qu’après des miracles et des enseignements sans nombre, à propos de quoi Jésus le déclare bienheureux comme ayant été instruit par son Père même, tandis que Nathanaël reconnaît la même vérité, préalablement à tout miracle, à tout enseignement, et n’entend néanmoins aucun éloge pareil, et même est renvoyé à de plus étonnants prodiges, comme s’il n’avait rien dit que d’extrêmement naturel ? Quelle est donc la raison de cette différence ?
Sans doute Pierre et Nathanaël prononcèrent les mêmes paroles, mais ils ne les prononcèrent pas dans le même sens. Pierre, en confessant que Jésus était Fils de Dieu, le reconnaissait comme le Dieu véritable ; Nathanaël ne voyait au contraire en lui qu’un homme.
D’où tires-tu cette conclusion ? De ce que nous voyons après. Ces paroles de Nathanaël sont immédiatement suivies de : Tu es le Roi d’Israël. Or, le Fils de Dieu est roi, non seulement d’Israël, mais encore du monde entier.
A cette preuve s’en ajoute une autre tirée toujours du contexte. A Pierre, le Christ ne fait aucune observation, et, comme sa foi ne laissait rien à désirer, il déclare vouloir bâtir son Eglise sur sa confession. Ici, vous ne remarquerez rien de tel ; vous y remarquez plutôt que Jésus ajoute quelque chose à cette confession, comme si, à cette confession, il manquait la meilleure part. En effet, qu’ajoute-t-il ? En vérité, en vérité, je te le dis, tu verras le ciel s’ouvrir et les anges monter et descendre sur le Fils de l’Homme. Vous voyez Jésus arracher graduellement son nouveau disciple à la terre et l’empêcher de ne voir en lui qu’un homme. Celui que les anges servent, au-dessus duquel ils montent et descendent, comment ne serait-il qu’un homme ? Il le presse par ce langage de reconnaître en lui le souverain des anges.