Sur Esdras 6, 1-5 . 14-22
Travailler pour acquérir l’humilité
Saint Louis de Gonzague
Œuvres de saint Louis de Gonzague, p. 133s

Le premier moyen pour travailler à l’acquisition de l’humilité sera de comprendre que, bien que cette vertu convienne principalement aux hommes à cause de leur bassesse, toutefois elle ne pousse pas sur notre terre, mais qu’il faut la demander au ciel, à celui de qui procède toute grâce excellente et tout don parfait. Ainsi, bien que vous soyez superbe, vous devez vous efforcer, avec la plus grande humilité que vous pourrez de demander cette même vertu d’humilité à l’infinie majesté de Dieu, comme à son premier auteur, et cela par l’intercession et par les mérites de la profonde humilité de Jésus Christ qui, étant Dieu, s’est anéanti lui-même, prenant la forme d’un esclave.
Le second moyen est de recourir à l’intercession des saints, particulièrement de ceux qui se sont signalés dans cette vertu. Tout d’abord, en pensant que, de même qu’ici-bas sur la terre ils furent particulièrement dignes d’obtenir cette vertu à un si haut degré, de même là-haut dans le ciel où ils sont plus agréables à Dieu qu’ils ne l’étaient sur la terre, ils seront particulièrement d’autant plus dignes par leurs mérites de l’obtenir. Et puisqu’ils n’ont plus besoin de s’humilier pour eux-mêmes, parvenus qu’ils sont par ce moyen à la hauteur des cieux, il faut les prier de vouloir bien l’obtenir de Dieu pour vous. Ensuite, pensez encore que, de même qu’ici-bas sur la terre chacun cherche naturellement à procurer l’avancement de ceux qui aspirent à la profession dans laquelle on s’est soi-même signalé, de même, dans le ciel, ceux qui se sont signalés dans cette vertu plus que dans une autre, secourent tout particulièrement et aident à l’acquisition de cette vertu ceux qui s’appliquent davantage à l’obtenir, et qui, pour ce motif, se recommandent à leur intercession. Pour cette raison, vous vous souviendrez de recourir spécialement à la bienheureuse Vierge, Mère de Dieu, comme à celle qui s’est le plus signalée parmi toutes les pures créatures qui ont excellé dans cette vertu. Ensuite par les apôtres, recourrez à saint Pierre qui disait de lui-même : Eloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur, et à saint Paul qui, bien qu’ayant été ravi jusqu’au troisième ciel, avait de si bas sentiments de lui-même qu’il disait : Jésus est venu sauver les pécheurs du nombre desquels je suis le premier.
La première de ces deux pensées vous servira pour comprendre combien les saints sont puissants auprès de Dieu pour obtenir cette vertu, la seconde vous fera voir combien non seulement ils le peuvent, mais combien ils sont encore disposés à le faire.