Sur Actes des Apôtres 22,22 – 23,11
L’attente de l’Esprit-Saint
Saint Augustin
Appendice, Sermons, IIème série, Sermon 180, OC 20, p. 295s

Au milieu du concert des lyres éternelles, les apôtres suivent en esprit Jésus qui les y convie, jusqu’au sein de la céleste assemblée, pour y demander la grâce de la bénédiction divine : ils s’avancent avec le Seigneur afin de recevoir le Saint Esprit en présent de noces. Jésus, ayant élevé les mains, les bénit, et leur donna comme présent de noces, d’une inestimable valeur, une chaîne, non point faite d’or ou ornée de diamants, mais tressée avec les anneaux de la charité, afin que, liés par cette même chaîne, ils le suivent vers l’épouse de l’Agneau, vers la céleste Jérusalem, leur éternelle patrie. Seigneur, disent-ils, pourquoi nous abandonner et monter seul, vous qui nous avez choisis en venant au-devant de nous ? Seigneur, quand répandrez-vous encore sur nous votre parole plus douce que le miel le plus exquis ? Quand savourerons-nous le nectar de la grâce tombant, comme une délicieuse rosée, de vos lèvres divines ? Que dites-nous où vous allez ? Ne nous délaissez pas en partant seul ; hors du bouclier de votre bonté, nous sommes dépouillés de tout vêtement protecteurs. Quand reviendrez-vous à nous, vous qui nous avez rachetés ? Notre péché causa votre mort, que votre ascension soit le gage du pardon, de peur qu’une tristesse trop grande ne nous plonge dans le désespoir, après que vous nous avez tirés des angoisses de l’enfer.
Notre Seigneur, en son ascension, vit, du haut de la nuée, la tristesse de ses disciples, et leur envoya pour les consoler des anges, qui, en leur annonçant son départ vers son Père, leur laissèrent l’espérance de son retour ici-bas : Hommes de Galilée, que demeurez-vous là, regardant le ciel ? Ce Jésus qui, du milieu de vous, s’est élevé dans le ciel, viendra ainsi que vous l’avez vu y monter. Il viendra ainsi : ce sera la même manière, la même attitude sur une nuée, la même douceur de visage, mais consolante pour les bons et redoutable pour les méchants. Son retour ne sera pas terrible pour vous que son ascension console. Il viendra ainsi, montrant les blessures des clous, toujours ouvertes, et les lèvres saignantes de ses plaies. Lorsqu’il apparaîtra aux fils de l’époux, le front ceint de la céleste couronne, il ne changera rien aux blessures souffertes sur la croix, puisque là doit resplendir ce signe du Fils de l’homme. Les apôtres, après avoir reçu de lui, au moment de son ascension, la promesse qu’il allait leur envoyer le don précieux du Saint-Esprit, persévéraient unanimement dans la prière, afin que la couronne de feu, apportant la force d’en haut, les trouva tous réunis. Persévérons donc unanimement dans les louanges du Seigneur, et, marchant avec concorde dans sa maison, attendons-y l’avènement de sa paix : chantons tous en son Temple, afin que le feu de la grâce vienne aussi se reposer sur nos têtes.