Sur 2 Corinthiens 11,30 – 12,13
« Une écharde dans ma chair »
Père Jacques Bernard
Lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort, AS 45, p. 37s

Pourquoi il a été mis une écharde dans la chair de Paul ? Est-ce vraiment pour lui éviter tout orgueil ? Pourquoi cette maladie, scolops, en grec, qui se traduit par épine, pieu ou croix ? Il s’agit, nous dit Paul, d’une souffrance insupportable ou d’un obstacle insurmontable. On n’a pas manqué de faire le parallélisme avec la croix du Christ. Paul emploierait ici une image évocatrice de la croix pour décrire la maladie que ses correspondants connaissaient bien. Dès lors, l’expression écharde dans la chair s’entend mieux, car c’est la chair qui doit être crucifiée afin que ce qui est mortel soit absorbé par la vie. Ce parallèle entre l’écharde et la croix se poursuit par le parallèle entre la triple prière de Paul, par trois fois j’ai prié le Seigneur de l’écarter de moi, et la triple prière du Christ à Gethsémani. Et il semble bien que cette méditation sur la croix dont on peut se glorifier, car elle est résurrection, se prolonge encore : La force de Dieu, poursuit Paul, s’accomplit, s’achève, dans la faiblesse, dans la maladie. Le verbe traduit, par accomplir ou achever, désigne toujours dans le Nouveau Testament l’achèvement en même temps que l’accomplissement ; ces deux images trouvent leur signification la plus dense dans la mort du Christ ou de l’apôtre, ou dans la fin des temps accomplissement définitif. D’autre part, c’est la force de Dieu qui s’accomplit, et l’on sait que, dans le dialogue avec les Corinthiens, cette force, cette puissance de Dieu se révèle au mieux dans la croix du Christ, puissance de résurrection.
Si l’apôtre se voit ainsi configuré au Christ mort, par la maladie que, pour cette raison il appelle croix, comme nous parlons de nos croix quotidiennes, il se sait aussi configuré au Christ ressuscité par la puissance de Dieu, cette grâce qui suffit. Bien plus, et c’est pourquoi il s’en vante, cette croix fait reposer sur lui la puissance du Christ, comme autrefois la nuée se posait sur la tente. Une fois de plus, nous retrouvons le thème de l’apôtre configuré au Christ, image de Dieu, reflet de la gloire du Père, et nouvel Adam.