Sur Exode 3,1-20
Le nom de Dieu

Saint Augustin
Sermons au peuple, première série, sermon VI, OC 15, p. 655s

Que figure l’apparition de Dieu dans un buisson sans que le buisson se consume ? Ce buisson épineux peut-il figurer quelque chose de bon ? Si le feu avait consumé les épines, ce serait un signe que la Parole de Dieu adressée aux Juifs a consumé leurs péchés, et que la Loi qui leur a été donnée mettrait un terme à leur iniquité. Car si le feu dans le buisson est le symbole de la Loi parmi les Juifs, les épines du buisson sont comme les péchés des Juifs ; si donc le feu ne consume pas les épines, c’est que la Loi n’a pu effacer les péchés.
Le Seigneur dit à Moïse : Je suis Celui qui suis. Moïse, ayant demandé quel était le nom de Dieu, il lui répondit : Je suis Celui qui suis ; voilà ce que tu diras aux enfants d’Israël : Celui qui est m’a envoyé vers vous. Qu’est-ce à dire ? Ô Dieu ! Ô Notre Seigneur, quel est ton nom ? Je m’appelle celui qui est, nous dit-il. Et que dois-je entendre par Celui qui est ? Que je demeure éternellement et que je ne puis changer. Car les choses qui changent ne sont point véritablement, parce qu’elles ne demeurent point ce qu’elles sont. Ce qui est demeure. Ce qui change a été une chose et en sera une autre, mais elle n’est point réellement parce qu’elle est muable. C’est donc l’immutabilité divine qui a daigné se révéler elle-même dans cette parole : Je suis Celui qui suis.
Mais pourquoi Dieu s’est donné ensuite un autre nom ? Voici en effet ce qu’ajoute l’écrivain sacré : Et Dieu dit à Moïse : Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob, c’est mon nom pour l’éternité. Pourquoi ici ce nom : Je suis Celui qui suis, et là cet autre nom : Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob ? De même que Dieu est immuable, il a aussi tout fait par miséricorde, et le Fils de Dieu en prenant une chair sujette à la mutabilité, tout en demeurant le Verbe de Dieu, a daigné venir au secours de l’homme. Celui qui est s’est donc revêtu d’une chair mortelle afin de pouvoir dire : Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob.