Samedi après l’Epiphanie

Sur Baruch 4,30 – 5,9
L’eau changée en vin, passage de l’Ancienne à la nouvelle Alliance
Fauste de Riez
Deuxième homélie pour l’Epiphanie, PLS 3, colonnes 560-562

Le troisième jour, il y eut des noces. Que sont ces noces, sinon les vœux et les joies de l’humanité sauvée, célébrées le troisième jour, dans le mystère de ce chiffre qui désigne soit la confession de la Trinité, soit la foi en la résurrection. Car, dans un autre passage de l’Evangile, c’est avec la musique, les danses et la robe de noce que l’on accueille le retour du fils cadet, c’est-à-dire la conversion du peuple païen.
Aussi, comme un époux sortant de la chambre nuptiale, le Verbe descend jusqu’à la terre, jusqu’à l’Eglise qui doit rassembler toutes les nations ; en assumant l’Incarnation, il va s’unir à celle qu’il a gratifiée d’un contrat de mariage et d’une dot. Un contrat, quand Dieu s’est uni à l’homme ; une dot, quand il a été immolé pour le salut de l’homme. Le contrat, c’est la rédemption présente ; par la dot, nous entendons la vie éternelle. Aussi est-ce des miracles pour ceux qui voyaient, des mystères pour ceux qui comprenaient. Si nous regardons bien, on découvre d’une certaine manière, dans les eaux elles-mêmes, une ressemblance avec le baptême et la nouvelle naissance. En effet, lorsqu’une chose se transforme intérieurement en une autre, lorsque la créature inférieure, par un changement invisible, se transmue en une nature meilleure, le mystère de la seconde naissance s’accomplit. Les eaux sont changées tout à coup, elles qui plus tard doivent changer les hommes.
Par l’action du Christ en Galilée, voici du vin. C’est-à-dire que la loi disparaît et la grâce la remplace : le reflet est écarté, la vérité est rendue présente ; les réalités charnelles conduisent aux spirituelles, l’observance ancienne disparaît au profit de l’Alliance nouvelle. Comme dit l’Apôtre : Le monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né. De même que l’eau contenue dans les cuves ne disparaît pas mais reçoit alors une existence qu’elle ne possédait pas auparavant, ainsi la loi ne disparaît pas mais se perfectionne par l’avènement du Christ.
Le vin venant à manquer, un autre vin est procuré ; le vin de l’ancienne Alliance était bon, mais celui de la nouvelle est meilleur. L’ancienne Alliance, celle que les Juifs observaient, s’évapore dans la lettre. La nouvelle Alliance, celle qui nous concerne, nous restitue le goût de la vie en nous donnant la grâce. Le bon vin, c’est-à-dire le bon commandement, est celui de la loi qui t’enseigne : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Mais le vin de l’Evangile est meilleur et plus fort, lorsqu’on t’enseigne : Eh bien moi, je vous le dis : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent.